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Sanloaga (Togo): «Ils enlèvent nos jeunes garçons pour en faire des combattants»

par Edouard Samboe - 2022-12-24 18:27:30 9622 vue(s) 1 Comment(s)

L’enrôlement des nouvelles recrues dans les rangs des groupes armés extrémistes au nord du Togo est au cœur des préoccupations des GILAT ( groupement intervention leger antiterroriste). Une unité des forces spéciales en poste dans cette partie du Togo pour contrer la percée des extrémistes. Les combats font rage entre les forces étatiques et ces groupuscules nébuleuses, affiliés à Ansarul Islam, alliés au JNIM ( Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), une branche groupe d’Al Qaida, qui opère aux frontières entre le Togo, le Burkina et le Benin. Entre les affrontements des deux entités, les populations civiles paient le lourd tribut : Les représailles djihadistes, l’exigence de l’armée, les enlèvements et la crise humanitaire. retour cette zone, tout ne se raconte pas….

Sanloaga, 18 décembre 2022. L’un des derniers villages du Togo avec le Burkina, 77 km de Dapaong, chef-lieu de la région, à 600 km de Lomé, la capitale. Sur la route qui mène à Sanloaga, pour les autres villages, les choses ne sont plus pareilles.

Sanlaoaga essoufflé……

Le visage de Saloaga est pâle. ils sont finis , ses beaux jours au cours desquels, Sanlaoga se vantait d’etre un des villages frontaliers. Son avenir s’assombrit et ses bras valident en fuite. Frontalier de Kpinpiéna ( Kompienga, une province du Burkina), Sanloaga s’assèche à petit feu. « Il fut encore un temps, se pavanaient les animaux un peu partout dans ce village», se lamente Djamongue H, pointant du doigt, un parc de bœufs, aujourd’hui vide, à cause des exactions des groupes extrémistes.

un village de Sanloaga

A la vue, il ne reste que du bois et de la clôture délabrés; des restes des déchets de boeuf en décomposition. Jadis, carrefour des animaux domestiques, Sanloaga a perdu de sa substance. Aujourd’hui, on y trouve les maisons vides des bergers, qui selon les dires des villageois sont aussi en fuite. « certains ont été forcés de partir, mais d’autres ont été contraints de rejoindre les groupes armés tapis dans la forêt», explique un habitant.

Un village de voisin

Ce village d’un millier d’habitants ciblé par les groupes extrémistes a vu ses jours s’assombrir. Chassés des villages tels que Bagnama, Nansongue , Djabdjoaré, Djanbontière , Toutoub, Zoungtongou, Obiagou, Nanangdouali, les villageois ont afflué vers Sanloaga, après l’arrivée de l’armée togolaise. Une crise humanitaire est y donc née. La localité qui vivait des champs et du commerce a subit une pression. L’armée togolaise a bataillé dur, mais Sanloaga n’a toujours pas trouvé sa beauté d’antan.

Le canton de Bagre, un village voisin de sanloaga

La situation sécuritaire demeure précaire. Tout comme la crise humanitaire qui écume la localité. «Avant les militaires nous soignaient, mais aujourd’hui, ils craignent de nous soigner; On se sait pas qui est qui?», complainte d’une déplacée interne , venue de Obiagou, un village burkinabè.

L’armée togolaise selon les témoignages concordants opèrent dans la zone, à temps et à contre-temps. « ils tuent ces bandits, mais ils y reviennent encore», témoigne un villageois qui note des déplacements massifs sur des engins motorisés.

Ces groupes extrémistes logés dans la forêt de W Arlit-Kpendari opèrent sur le territoire togolais au travers des incursions. Les populations pensent qu’ils essaiment des localités telles que Souktangou, Tiwouri, Sansiek et Kpankounga dans le Togo et se réfugient dans les autres frontières. D’autres groupes écument les villages de Nadiagou ( Burkina), Lallabiga ( Togo) et Tanpanga , Tchanfonden ( Bénin), mais aussi le village de Koalou.

La pression est énormes et elle pèse sur Sanloaga qui résiste contre la pression des groupes armés. Lesdits groupes armés font des enlèvements au sein des populations, notamment des jeunes. Ils procèdent selon les dires des populations aux enlèvements des jeunes garçons pour en faire des combattants. « Une forme des enlèvements forcés exercés sur les pauvres populations depuis leurs champs», témoigne une habitante, qui vu son voisin enlevé.

C’est le cas de Gounteni 40 ans, époux de deux femmes et de trois enfants, enlevé depuis un mois. « il était allé au champs avec ses petits frères. Les groupes armés les ont pourchassé à moto. Ils ont été enlevés pendant plusieurs jours. A la fin , ses frères ont été libérés, mais lui, toujours détenu».

Comme lui, ils sont nombreux à avoir échappé aux enlèvements des groupes qui opèrent dans la zone. « Ils t’enlèvent par la force, te droguent, et t’enrolent dans leurs gangs», explique une habitante, avant d’ajouter « nous avons peur de nous rendre dans nos champs».

Selon les populations locales, les groupes extrémistes bandent les yeux des personnes enlevées et les emportent au cœur de la forêt. Les villageois déplorent plusieurs enlèvements, mais difficile de connaître leur nombre. A l’arrivée de l’armée, ces groupes armés s’enfuient et se réfugient dans les forêts. Désormais , il leur est donc interdit de se déplacer dans certaines localités. Pour avoir la vie sauve et échapper aux rafles, mais aussi à la crise humanitaire grandissante dans la zone, plusieurs jeunes ont rejoint le Ghana, le Nigeria et la Cote d’Ivoire.

A Bagre, l’un des premiers villages à traverser avant Saloaga, tout semble normal. Les fidèles de la chapelle St Paul fêtent le dimanche de l’OCDI ( Organisation pour la charité et le développement intégral). On mange, ont boit et chante. Ici, les habitants semblent se connaître; et l’étranger est questionné sur l’objet de sa visite.

Les échos de l’insécurité traversent ce grand canton de la préfecture de Kpendjal comme une onde de choc. A 12 km de Sanlaoga, Bagre coiffe sur son passage les villages de Tarou et Anamounfali lesquels vibrent au rythme des effets collatéraux de la crise sécuritaire.

L’autorité a interdit toute vente du carburant. « si on te voit avec des bidons du carburant, on tue sur le champ», nous confie une villageoise. Le litre qui coûte à 1200 FR CFA est introuvable. « il est formellement interdit de vendre du carburant frelaté», souligne le vendeur.

L’économie locale subit de plein fouet l’interdiction de vente de carburant. La charrette et l’âne recouvrent leurs corvées d’antan sur les routes. L’impact est palpable sur les prix des denrées alimentaires. « extraire des silures du bas-fond devient suspect», alerte un pécheur, qui s’est vu interdit de creuser pour en faire sortir des poissons enfouis.

Les autorités soupçonnent le trafic de carburant, comme première source de financement du terrorisme dans cette zone. « Ils en achètent pour attaquer les populations. Il faut sécher toutes leurs sources de financements et handicaper leurs avancées», expliquent un caporal de l’armée de togolaise en mission dans cette zone. « ces carburants venaient du Bénin. Désormais c’est interdit», explique un enseignant qui déplore l’absence d’une station d’essence pour approvisionner les populations civiles.

L’armée durcit le ton. Les mesures disciplinaires telles que les sorties tardives, les liesses nocturnes ou l’acceuil des visiteurs douteux s’imposent. Un contrôle strict sur les entrées et les sorties dans lesdits villages. « il arrive qu’on contrôle le carburant de la moto. Les militaires soupçonnent certains individus de fournir du carburant aux terroristes», nous explique un habitant. Tout parait suspicieux ; la prudence tout comme la méfiance, y règnent.

Sanloaga avec l’aide des militaires tient débout. Mais l’insécurité alimentaire , l’absence d’un centre de santé , la fuite des bras valides auront un impact sur son élan de développement . Dans cette localité du nord-est du Togo avec le Burkina, opère l’un des importants groupes extrémistes, Ansarul Islam, qui tente d’implanter une Katiba, mais subit l’offensive vigoureuse des Forces armés togolaises ( FAT).

Edouard Kamboissoa Samboé
Laabali.com

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1 comment

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