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Assassinat de Blamonga : six mois après, les témoins toujours traumatisés

par Edouard Samboe - 2022-12-26 08:58:38 619 vue(s) 0 Comment(s)

 » Avec mon mari, nous avions tellement traversé d’épreuves qu’à un moment, j’ai crû que nous étions au bout du tunnel. J’étais certain que Romain et moi allons vieillir ensemble et voir nos enfants grandir mais hélas. » Ces propos sont de Kondandja Guilougte, l’une des veuves des hommes égorgés à Blamonga dans la nuit du 14 au 15 juillet 2022 par des hommes armés. Six mois après, le souvenir de cette nuit reste encore vivant dans sa tête. Taille moyenne, teint clair, le visage fermé, la jeune dame aux cheveux roux est mère de 6 enfants ( 3 garçons et 3 filles). Jérémie le plus petit n’a que 3 ans. Son mari, feu Yemboni Youmanle Romain, 47 ans était un chauffeur reconverti en agriculteur.

Dimanche 25 décembre 2022, jour de Noël. Dans la cour d’une maison au bord d’une rigole au quartier Nalolgue( Dapaong) trois enfants jouent sur le sable. À quelques mètres sous la terrasse une fillette debout en robe noire tient un plat d’une main: c’est de la pâte de la veille réchauffée. C’est ici que dame Guilougte et ses enfants ont trouvé refuge après l’incursion terroriste qui a coûté la vie à son mari.


Désormais veuve à 34 ans, elle doit se battre pour supporter ses enfants. Elle qui n’a pas appris un métier et qui jamais ne sait faire rien d’autre que travailler la terre. A la question de savoir comment elle se débrouille, elle répond par un soupire, la regard fixé au sol. Puis, d’une voix hésitante, elle lâche quelques phrases :  » Ah, c’est Dieu qui est fort. Mon mari était revenu de l’aventure en pleine saison des pluies. Et c’est à moins d’un mois après qu’il a été assassiné. Nos champs n’avaient été entretenus qu’en partie. J’ai pû récolter quelques épis de maïs au milieu des herbes et un peu de soja pour faire de la moutarde. Il y’avait un peu de coton mais je n’ai pas pû récolter car au moment de le faire, le plus petit est tombé malade. Les soins à l’hôpital n’ont rien donné. Finalement, on m’a conseillé un herboriste et ces deux jours, il y’a du mieux. Je me débrouille avec la vente de charbon mais ces derniers jours c’est difficile. Il faut acheter le sac à 6500 f au village, payer 1500f pour le transport à cause de la cherté du carburant. Ensuite il faut acheter les sachets plastiques pour attacher. Au final, on je gagne pratiquement rien  » .Au fur et à mesure que nous discutions, la jeune dame semblait sentir un certain soulagement.

Certainement, le fait de trouver quelqu’un à qui raconter son calvaire lui déchargeait du poids du silence . Cela se lisait dans son visage qui s’ouvrait peu à peu.

Ici, les herbes bouillies avec laquelle elle soigne le plus petit de ses enfants. Elle lave l’enfant sur les 3 bois

Cette nuit où tout a basculé…

« Nous étions couchés, mon enfant, mon et moi au salon parce qu’il faisait chaud. Vers 22 heures, Nous avons entendu une voix crié en francais : monsieur, il faut sortir ! Nous avons sursauté et nous avons vu quatres personnes armées à la porte. L’un d’eux portait un grand fusils avec des balles qui descendaient jusqu’au genoux. Nous pensions que c’était des braqueurs. Mon mari a senti que ses jours étaient finis. Il a remué la tête et fait le signe de croix.  » Se rappelle t-elle. Après un court silence, elle reprend : » Je lui ai dit de leur donner ce qu’ils veulent pour avoir la vie sauve. Il est rentré dans la chambre à coucher, il n’y avait pas de moyen de s’échapper parce que la chambre n’avait de fenêtre . Pendant ce temps, les hommes armés le pressaient de sortir. Il fini par se décider de les affronter mais seul, les mains nues et contre trois personnes armées, il ne pouvait rien. Il a tenté de s’enfuir mais le quatrième avait bloqué l’entrée principale avec une arme au point. Finalement, c’est dans la douche qu’il a été abattu. Dans mes tentatives de l’aider à se défaire des malfaiteurs, j’ai reçu plusieurs coups de pieds de leurs part  » a t-elle conclut avant de me montrer des traces de blessures sur son pied droit et le bras de son enfant qu’elle avait au dos durant la funeste scène .

Faces aux réalités de la ville…

Depuis qu’elle s’est installée en ville avec ses enfants, elle peine à s’adapter. La maison n’a ni de clôture ni d’eau potable, pas de latrine non plus. Un vielle natte en paille tissées tenue par quelques piquets en bois tient lieu de douche. Désormais, il faut tout acheter : le combustible, les vivres, les légumes pour la sauce, etc. Pour aider sa mère, Gountante, sa deuxième fille âgée de 18 ans et en classe de seconde profite des congés pour faire quelques jobs. Aujourd’hui jour de Noël, elle a suivie les commerçantes de tomates au champ.  » Même si elle ne ramène pas de l’argent, elle nous apportera des légumes frais pour faire la sauce  » a déclaré sa mère toute confiante. Le plus grand des garçons vit désormais son oncle maternel et fait la classe de 3e . L’aînée, âgée de 21 ans vit chez un autre proche à Lomé mais sa mère espère trouver les moyens de la ramener pour qu’elle apprenne un métier.

Jérémie, le petit qui est malade

En attendant l’amélioration de la situation sécuritaire, Guilougte comme les autres veuves de Blamonga sont obligés de vivres avec toutes les restrictions liées aux pratiques coutumières. Une double peine qui leur est infligée. Jusqu’à quand durera ce calvaire, personne ne saura répondre même si les proches des victimes souhaitent vivement de pouvoir faire les cérémonies des défunts le plus vite possible afin que leurs âmes trouvent le repos.

Robert Douti

Laabali.com

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