Opinion

Affaire de bœufs tués par balles à Nyoukpourma : on en sait un peu plus !

L’affaire défraie la chronique et les interprétations vont dans tous les sens au sein de l’opinion publique et sur la toile. Certains internautes n’ont pas hésité à parler d’attaque terroriste contre le 4e Régiment Inter-armes de Nyoukpourma, créant ainsi la psychose au sein des populations. Et pourtant, il n’en serait rien de tel.

Selon des témoins, dans la nuit du lundi 26 décembre vers 22h, des coups de feu ont été entendus à Nyoukpourma et ses environs . « Prises de panique, nous sommes restées terrées chez nous. C’est au lever du jour que nous avons constaté des cadavres de bœufs et d’autres blessés jonchant les abords de la route principale qui traverse le village » explique un habitant de Gnongou qui a requis l’anonymat.

De nos recoupements, il ressort que cette nuit là, un troupeau composé de 147 bœufs et 80 moutons étaient en transit vers l’ancienne fosse aux lions, sous la conduite de Pasba souley (36 ans, traînant un vélo), Pasba Rachid 9 ans, et Arouna Tidjani (13 ans) tous d’ethnie peulh. Le troupeau était en provenance du village de Lonlongue, canton de Timbou, commune de Cinkassé 2 . Aux environs du village de Nyoukpourma non loin du 4e RIA, des militaires leur auraient ordonné de s’arrêter et de rassembler le troupeau, le sieur pasba Souley a été arrêté et conduit à la brigade territoriale. Des tirs de sommations ont été effectués et les autres ont pris la fuite, pris de panique. Ne connaissant pas le village, le jeune Tidjani a trouvé refuge dans une famille peulh qui l’a vite signalé aux forces de l’ordre. Il a été arrêté. Le 3e , Pasba Rachid a été retrouvé le lendemain dans le village et arrêté lui aussi. Tous ont été conduit à la brigade territoriale de Dapaong. Alertés aussitôt, les familles auraient informés le Maire de Cinkassé 2 de l’incident et celui- ci leur aurait conseillé d’attendre le lever du jour avant de se rendre sur les lieux. Mardi 27 décembre 2022, Dermane souley, Issaka Ramane et Arouna Karim se rendant sur les lieux à bord de trois motos ont essuyé des tirs à Yenyane avant d’être immobilisés et arrêtés, affirment des témoins. Au dernières nouvelles, le blessé a été lui aussi conduit à la brigade territoriale de Dapaong dans l’après midi de mercredi après avoir suivi des soins au Centre hospitalier régional de Dapaong. Il se porte bien selon un membre de sa famille que nous avons contacté. » Les gendarmes m’ont demandé de lui apporter des habits car ceux qu’il portait ont été trop tachés de sang » a t-il expliqué.

Les propriétaires affirment que les tirs des militaires ont fait au total 13 bœufs tués et 9 grièvement blessés . Ils ont été autorisé à récupérer leurs animaux. Ceux qui sont blessés ont été vendus . Les bœufs tués par balles ont été abandonnés sur place au grand bonheur des populations riveraines qui doivent louer le ciel pour cette manne. Des oreilles tendues affirment qu’à Nyoukpourma, les plus forts se seraient érigés en propriétaires et se seraient fait une petite santé financière en cette période de fêtes de fin d’année. Les bœufs survivants ont été rétrocédés et ont continué leur trajet mais on dénombrerait des pertes non encore chiffrées. Quant au moutons, seuls 37 sur les 80 auraient été retrouvés.

Le troupeau appartient aux sieurs Ali Amidou, Laya Garibou et Hodandé Ali Hassan tous demeurant à Lonlongue , village situé sur la nationale numéro 1 à 15km à la sortie Nord de la ville de Dapaong.

Pourquoi les bouviers ont-ils choisi la nuit pour traverser cette zone avec un si grand troupeau sans avoir préalablement informé les autorités alors que la région traverse une situation d’insécurité et qu’il y’a déjà eu un précédent avec des peulhs transhumants ? Qu’est ce qui a amené les militaires à ouvrir le feu sur les propriétaires à leur arrivée sur le lieux ? Voilà des questions qui sont restées sans réponse.

Robert Douti
Laabali.com