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Les vigiles norcturnes: Ces braves protecteurs des biens dont on parle peu

par Edouard Samboe - 2022-12-30 10:23:57 340 vue(s) 0 Comment(s)

C’est l’un des vieux métiers dans les grandes villes. Aujourd’hui, avec la prolifération des agences de sécurité privées, l’on croyait que cette catégorie d’agents disparaîtrait, mais le constat est différent. La vulnérabilité d’une partie de la population et le capitalisme sauvage ont contribué à maintenir ce métier, le gardiennage. On les appelle communément des « gardiens », ces personnes dont le travail consiste à assurer la sécurité des boutiques et magasins dans les grandes villes la nuit tombée. Ils sont dans plupart des cas, des personnes âgées , à braver tous les dangers contre quelques billets en retour , pour joindre les deux bouts.

Le symbole de la précarité

Il est 23heures , la ville est calme, seule quelques taxis motos circulent encore, bravant le vent et le froid à la recherche des derniers clients en cette période où l’harmattan souffle sur la partie septentrionale du pays. À quelques mètres sous la terrasse d’un des grands immeubles de la ville de Dapaong, un homme est couché sur une chaise en bois, c’est le gardien des lieux. Vêtu d’une combinaison bleue laissant voir la plante des pieds, la tête coiffée d’un turban noir qui descend jusqu’au cou, il est enroulée tel un hérisson, c’est la meilleure trouvaille pour affronter la fraîcheur nocturne. La fatigue semble avoir eu raison de lui et le sommeil l’a emporté. Tous près lui, une vielle paire de chaussures en plastique usées, une spirale anti-moustiques, une allumette et un panier contenant des assiettes. Le décor décrit à lui tout seul la précarité du métier de gardiennage, une profession qu’exerce D. M. Blaise depuis 23 ans.

Un travail pénible et risqué…

64 ans, marié et père de six enfants, monsieur Blaise assure la sécurité d’un grand magasin de vente quincaillerie très reconnu à Dapaong.  » J’ai commencé le gardiennage depuis 1999 dans un garage de mécanique automobile. Entre temps, il y’a eu des soucis et on m’a remercié. J’ai été ensuite sollicité au niveau de l’ONG CREPA, quelques années après, le projet a pris fin . Je suis resté quelques mois à la maison avant de trouver une boutique à garder au marché contre 9000f. » nous a t-il confié dans un français soutenu. À l’entendre, Blaise doit être un monsieur laborieux, honnête et intègre. Pendant le jour, il coud les chaussures au marché de Dapaong et fait le gardiennage de nuit afin de pouvoir prendre soin de sa femme, ses enfants et les deux orphelins qui sont à charge.  » Lorsque je gardais la boutique du yorouba, ceux qui gardaient ici me sollicitaient quand ils sont empêchés. Je les aidaient à faire l’entretien . Par fini , un gardien a perdu la vue et on m’a sollicité pour le remplacer. Ce qu’on nous paie ici, ça ne nous permet pas de vivre mais nous n’avons pas de choix. Je suis payé à 15000f. En plus de veiller à la sécurité des lieux, il faut balayer tout autour, nettoyer la poussière sur les portes, les fenêtres et les vitrines. À partir de 1heure , je commence l’entretien jusqu’à 4 heure. » se complaind-il..

Dans la plupart des cas, cette catégorie d’agents de sécurité n’ont pour armes que des gourdins, des lance pierre ou des machettes pour se défendre en cas d’attaque. Laissés à la merci des intempéries et des moustiques, certains n’ont même pas où s’abriter en cas de pluie. C’est le cas de Sambiani Tampango, 75 ans, originaire de Nadégré(un quartier à l’ouest de de Dapaong) qui garde une boutique de vente de farine de blé au quartier worgou. Marié et père de sept enfants, autrefois charpentier , il nous a confié être venu dans le gardiennage afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.  » Actuellement, je n’ai plus de force, je ne peux plus exercer la menuiserie. De tous mes enfants, il n’y’a qu’un seul qui travaille et il a aussi sa famille à et entretenir. Le peu que je gagne ici me permet d’acheter l’engrais pour faire mes champs.  » explique t-il. Il s’est réjouie de n’avoir jamais eu de problème depuis 24 ans qu’il s’est converti en gardien de nuit.  » À mon âge, je suis obligé d’abandonner ma maison pour venir veiller ici. Il faut être là déjà à 18h et ne rentrer que lendemain à six heures contre moins de 20000f. Regarde là je suis assis, quand il pleut avec un peu de vent, je suis mouillé. C’est vraiment pénible » a t-il conclut en se recouchant sur sa chaise en bambou.

En écoutant la plupart des gardiens de nuit, on est tenté de chercher comprendre ce qui peut amener leurs employeurs à laisser dans une misère ambiante ceux qui se donnent la peine de veiller sur la sécurité de leurs biens. Pour certains, c’est juste de la méchanceté et non par manque d’argent car ils veulent pas solliciter les agences de sécurité privées de peur de payer cher.

Au quartier Napiengue, monsieur Yaldassou est gardien au Carrefour Informatique et Bureautique (CIB ). À 69 ans, il a deux femmes et six enfants. Gardien à CIB depuis bientôt dix ans, il déplore le salaire dérisoire qui lui est payé.  » Je travaille ici pour ne pas rester les bras croisés sinon, dire que je garde une structure comme CIB et gagné 20000f, c’est inacceptable ». s’est-il indigné. La différence avec les autres c’est que lui, il ne fait pas l’entretien et dispose d’une pièce où s’abriter en cas de pluie.

Salaire dérisoire et irrégulier, humiliations de toutes sortes de la part des employeurs sont le quotidien des cette catégorie d’agents qui n’ont aucune alternative de lutte pour l’amélioration de leurs conditions de vie et travail. Comme à Dapaong, ils sont nombreux dans la plupart des grandes villes à abandonner leurs familles chaque nuit, risquer leurs vies pour veiller à la sécurité des biens d’autrui contre un salaire dérisoire. Ces employés entièrement à part dont personne ne semble se soucier, travaillant 12 heures par jour sans congés ni permission. Ils ne sont ni assurés ni déclarés à la caisse nationale de sécurité sociale par leurs employeurs. Brefs, des citoyens sans défense abandonnés à leur triste sort. Voilà l’autre catégorie de compatriotes pour qui le drapeau n’est qu’un un linceul et l’hymne, un chant funèbre.

Robert Douti
Laabali.com

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