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Économie

Bouldjoare : La résilience des femmes

par Robert Douti - 2023-09-11 17:25:59 601 vue(s) 0 Comment(s)

Les femmes togolaises sont au cœur des activités économiques. Dans la région des savanes au nord du Togo, elles sont de plus en nombreuses à ne plus se contenter uniquement des activités ménagères. Dans cette partie du Togo où la pauvreté résiste aux efforts du gouvernement, les femmes, dans certaines localités jouent même le rôle de père. Et pour mieux le faire, il faut donc se plier en mille pour tenir le ménage debout. Malheureusement la situation semble se compliquer davantage depuis bientôt trois ans. L’avènement de la crise sécuritaire qui a succédé à celle liée à la covid-19 impacte considérablement les activités économiques des femmes. Reportage à Bouldjoare

À l’instar de la plupart des villages du Kpendjal, Bouldjoare à une dizaine de kilomètres de Borgou, chef lieu de la commune de Kpendjal 2 est peuplé de cultivateurs venus de différentes localités de la région des Savanes à la recherche des terres agricoles. La piste nouvellement réhabilitée qui mène au marché du village grouille de monde en cette matinée de samedi, jour de marché. Les marchands des villages environnants s’y rendent pour vendre leurs produits et aussi s’approvisionner en denrées diverses. C’est le lieu des rencontres et des retrouvailles. Vers midi le marché bât son plein. Ici, les femmes, malgré les pressions des groupes extrémistes dans les villages voisins, continuent d’exercer leurs activités génératrices de revenus pour soutenir leurs époux mais pour la plupart d’entre elles, tout n’est pas rose depuis un moment. Fati épouse Issa fait partie de ces femmes qui continuent de tenir debout. La soixantaine révolue, cette revendeuse de « foula « ( mets local en boulettes à base de farine de petit mil) est reconnue dans tous les marchés de la localité. Elle avoue que son commerce a pris un coup avec la crise sécuritaire. « Le foula s’accompagne du lait de vache. Avant c’est auprès des femmes peulhs du village de Donga que nous nous en approvisionnons . Aujourd’hui, les peulhs bouviers ont fui menacés par les groupes terroristes. Actuellement, il faut parcourir des kilomètres avant de trouver juste une petite quantité de lait  » se complaint-elle. Face à la rareté du lait de vache, dame Fati est tentée de se tourner vers le lait importé qui malheureusement n’est pas à la portée de toutes les bourses.

Malgré les difficultés, les femmes ne tombent pas dans la résignation. Veuve depuis douze ans, Awa Sanwogou élève ses huit enfants grâce à la vente du Tchakpalo, une bière locale à base du sorgho. Aujourd’hui, sa principale difficulté c’est le manque de bois de chauffe.  » Pour chaque préparation, il faut acheter au minimum 2000f de bois  » confie t-elle. Les gens ont peur d’aller dans la forêt et le bois est devenu rare et cher à en croire les villageois.

Les mauvaises récoltes dûe à l’abandon des champs par les populations de certains villages ont conduit à la flambée des prix des produits des champs. Une situation qui pèse sur les épaules des commerçantes. Alima épouse Issa, 32 ans et mère de six enfants est spécialisée dans la vente des beignets à base de haricot produit localement. La hausse des prix de l’huile depuis la pandémie de la covid-19 et la flambée du prix du haricot ont contribué à mettre du plomb dans l’aile de son petit commerce qui peine à prendre de l’envol.  » Nous achetons de l’huile à crédit et c’est après avoir vendu les beignets que nous remboursons. Actuellement la mesure de 3,5 kg de haricot coûte 1900f. Pour pouvoir joindre les deux bouts, il faut maîtriser l’art de faire la pâte de haricot afin d’éviter les pertes. À l’arrivée, je parviens à faire un peu de bénéfice mais cela ne me sert juste qu’à acheter les condiments ou les médicaments en cas de maladie d’un enfant  » explique t-elle

À la lumière des différents témoignages recueillis, il apparait que les activités économiques des femmes dans cette partie du Togo se résument à la subsistance. Avec une situation aussi fragile, les femmes peinent à décoller économiquement en dépit de la volonté affichée et des efforts déployés au quotidien. Pour aider les populations à bâtir une solide résilience, des actions urgentes ont été entreprises par les pouvoirs publics, les associations et organisations non gouvernementales avec l’appui des partenaires. Cependant, sur le terrain les résultats semblent trainer à faire surface. Qu’est qui n’a pas marché ?

Robert Douti

Laabali

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