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Terrorisme

Réfugiés burkinabè au Togo: Les familles d’accueils sauvent l’essentiel

par Edouard Samboe - 2023-06-01 10:40:48 1721 vue(s) 1 Comment(s)

« Depuis leur arrivée ici, chaque jour ce sont des problèmes que je règle ici. Il y en a qui cherchent même les femmes de leurs hôtes. » Voici quelques plaintes de sa majesté Naba Téladé,chef du canton de Sam-Naba.Ce canton forme avec Nadjundi, Timbou et Biankouri, la commune de cinkassé 2. Nous sommes à l’Est de la préfecture de Cinkassé dans la région des savanes. Cette bourgade située de part et d’autre de la frontière entre le Togo et le Burkina Faso peuplée majoritairement de Mossi doit sa réputation à son marché de bétail. Mais depuis quelques mois, la localité subi de plein fouets les conséquences de la crise sécuritaire qui sévit de l’autre de la frontière.


Suites aux attaques terroristes meurtrières dans les communes voisines de Sangah et de Soudougui en territoire burkinabè (province du Koulpelgo), la localité a offert son hospitalité aux populations frères fuyant les exactions des groupes armés. Aujourd’hui, le village surpeuplé , s’étouffe. La situation humanitaire marquée l’accès aux besoins sociaux est urgente.

Des attroupements d’individus devant les bornes fontaines avec des bidons jaunes, des charrettes surchargées de bagages conduites par des femmes, des groupes d’hommes à l’ombre des arbres, voilà le visage du village lorsqu’on y arrive ces derniers temps . Les villages de Kaongoh, Napiga, Sangah, Dangoukwome, Baga-Moussa, wéréga, koak, yorouga…. des communes de Soudougui et de sangah se sont vidés et peuplent désormais Sam-Naba. La situation humanitaire est préoccupante.

Des lendemains incertains…

« L’étranger est lourd quand bien même on ne le transporte pas ». C’est par ce dicton populaire que le vieux Yamba Sigui, 78 ans, tisserand et chef de ménage explique les difficultés rencontrées par les familles qui ont offert leur hospitalité aux réfugiés.  » Certains en fuyant ont pu emporter un peu de vivres , mais d’autres, n’ont pas pu le faire. Ce que nous avons, on le partage ensemble. Le jour où le grenier se videra , nous tournerons les yeux vers le ciel » poursuit-il. L’arrivée massive des réfugiés pose des problèmes d’accès au logement, à l’eau potable , etc. Selon les témoignages recueillis sur les lieux, plusieurs personnes (des hommes surtout) dorment dans les mosquées. Ces derniers pour la plupart ont pu trouver des logements pour les femmes et les enfants. Mais ce qui reste à craindre ,c’est la prostitution.  » Depuis leur arrivée ici, ce sont des problèmes que je règle quotidiennement. Il y a des problèmes de femmes. Il y en a même parmi ces réfugiés qui cherchent les femmes de leurs hôtes. Je viens de régler un cas même ce matin. Comme nous parlons tous la même langue et que beaucoup ont des liens familiaux avec nous, l’accueil est de telle sorte qu’ils ne se sentent pas étrangers et ils se livrent à ces comportements  » Nous a confié le chef du canton. Les témoignages recueillis laissent penser que la cohabitation risquerait d’être difficile dans les prochains jours, à moins que les chefs coutumiers continuent de sauver l’essentiel.


Avec l’arrivée de la saison des pluies, il faut désormais partager les terres agricoles déjà insuffisantes avec les réfugiés qui traînent pour certains leurs chèvres, moutons, bœufs et ânes. Des conflits entre éleveurs et agriculteurs sont à craindre, au regard des espaces de cultures.

En attendant d’éventuelles actions des organisations humanitaires, Sam-Naba tout comme Yembouate, Sanfatoute où affluent les réfugiés, les populations continuent de manifester leur solidarité, mais l’on se demande s’ils tiendront encore pour longtemps.

Dans son discours sur la situation de la nation, le premier ministre du Burkina Faso a évoqué d’environ 80.000 réfugiés burkinabè dans les pays voisins, dont le Togo. Le Burkina Faso qui est en proie aux attaques des groupes extrémistes depuis sept ans, compte environ deux millions de déplacés internes, alors que le premier ministre Me Keylem de Tambela annonce le retour de 132 déplacés dans leurs villages d’origines.

Robert Douti

Laabali

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