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Politique

« l’Assemblée nationale agit comme une chambre d’enregistrement», foi du Pr Gogué

par Robert Douti - 2025-04-08 23:32:48 542 vue(s) 0 Comment(s)

Pr Aimé Tchabouré Guogué, député à l’Assemblée nationale, président du parti de l’opposition politique (ADDI), aborde la situation nationale, avec Laabalimedia. Interview

Laabali : Professeur, qu’est-ce qui justifie votre déplacement ces derniers jours ici dans la région, chez vous, votre base historique ?

Aimé Gogué : Disons que c’est pour deux raisons. D’abord, j’ai des obsèques dans la famille, et il y a aussi un membre fondateur du parti qui est décédé. Donc ce sont des raisons d’ordre familial. Mais évidemment, je ne peux jamais faire un déplacement sans voir les militants à la base. Ce sont donc les deux raisons.

Laabali : Vous avez échangé avec quelques militants ?

Aimé Gogué : Absolument. J’ai consacré la journée d’aujourd’hui à cela. Dans la matinée, j’ai rencontré des militants dans l’Oti-Sud puis à Mango. Dans l’après-midi, j’étais dans un canton de Tandjouaré, précisément à Boulogou. Bien sûr, j’échange régulièrement avec les militants, mais cette fois-ci, j’ai tenu des réunions dans ces trois localités.

Laabali : Quel est le message que vous avez porté à l’endroit de vos militants ?

Aimé Gogué : D’abord, j’ai tenu à remercier ceux que je n’avais pas encore rencontrés pour leur soutien, car beaucoup ont voté pour nous. Ensuite, comme nous sommes à l’orée de nouvelles élections prévues d’ici juin, j’ai échangé avec eux sur la réorganisation des fédérations locales et je les ai encouragés à mobiliser les populations et à identifier les candidats.

Laabali : Est-ce à dire que le parti ADDI est déjà prêt pour les prochaines élections municipales ?

Aimé Gogué : Nous nous y préparons activement. Nous comptons bien y participer.

Laabali : Comparativement aux échéances antérieures, qu’est-ce qui change cette fois et qui pourrait inciter vos électeurs à vous accorder plus de voix ?

Aimé Gogué : Pour le moment, l’organisation n’est pas encore claire, car l’ancienne CENI, dont le mandat est arrivé à terme, continue de fonctionner alors que la configuration parlementaire a changé. Nous en discutons actuellement pour qu’elle soit renouvelée. Au plan politique, on sent que la population est de plus en plus en quête de changement. Elle a expérimenté un régime qui est au pouvoir depuis plus de cinquante ans. Ce n’est pas seulement une question de durée, mais surtout de résultats : les conditions de vie se sont détériorées. Ce sentiment d’impasse donne de l’espoir au changement.

Laabali : Mais certains disent que ce discours des « 50 ans de gouvernance » est récurrent et ne motive plus vraiment…

Aimé Gogué : Justement, c’est pourquoi j’ai précisé que le problème ne réside pas uniquement dans la longévité du régime. Le vrai problème, c’est le manque de résultats satisfaisants : la qualité des routes, l’emploi des jeunes, la protection sociale, la gouvernance politique, économique et sociale, le respect des droits humains… tout cela est en souffrance. Ce sont les réalités quotidiennes qui appellent au changement, plus que la durée du régime elle-même.

Laabali : L’ADDI présentera-t-il des candidats dans toutes les circonscriptions électorales ?

Aimé Gogué : Non, ce serait trop ambitieux. Nous n’en avons pas les moyens. L’ADDI a toujours défendu l’idée de collaboration, voire d’unité de l’opposition. Si un autre parti est mieux implanté dans une zone, et qu’une coalition n’est pas possible, nous appelons nos électeurs à soutenir les candidats de l’opposition présents. Donc, nous ne serons pas présents partout.

Laabali : Parlons de la situation nationale. Le Sénat vient d’être mis en place. Quel est votre regard ?

Aimé Gogué : J’ai déjà eu l’occasion de me prononcer. Certains disent que cela relève de la 5e République, je réponds non. Le Sénat était déjà prévu dans la Constitution de la 4e République, c’est pourquoi nous avons eu des élections régionales. Pour nous, deux problèmes se posent. Premièrement, dans un contexte comme le nôtre, où la démocratie est encore fragile, l’Assemblée nationale agit comme une simple chambre d’enregistrement. Ajouter une deuxième chambre n’a pas de réelle plus-value pour la démocratie. Deuxièmement, il y a le coût. Cela pèsera lourdement sur le budget national. Ces ressources pourraient être mieux utilisées pour améliorer les conditions de vie des populations, ou renforcer la lutte contre le terrorisme dans les Savanes.

En ce qui concerne la nomination de sénateurs, c’est problématique. Ce n’est pas le principe même de la nomination qui choque – cela existe dans des démocraties avancées comme le Canada – mais la manière dont cela est fait. Chez nous, certains ont été battus aux élections et sont ensuite nommés sénateurs. Quel message envoie-t-on aux citoyens ? Que le choix du peuple ne compte pas ? Cela, nous le dénonçons fermement.

Laabali : Le Sénat est désormais installé. Estimez-vous que tout est joué ou faut-il encore agir ?

Aimé Gogué : Le fait qu’il existe ne signifie pas qu’on ne peut plus rien faire. Nous devons continuer à dénoncer ce qui ne va pas et à proposer des alternatives. C’est ce que je dis aussi à mes collègues, même ceux d’UNIR. Ce n’est pas parce qu’une institution est en place qu’elle est intangible. Il faut toujours chercher à améliorer la gouvernance.

Laabali : On vous voit actif au Parlement avec de nombreuses propositions. Avez-vous le sentiment d’être entendu ?

Aimé Gogué : (Rires) Ce n’est pas toujours évident. Mais je pense que nous-mêmes devons repenser nos approches. Ce qui compte pour moi, c’est de travailler pour le bien-être des populations. J’ai senti lors de la dernière session que certains députés d’UNIR partageaient cette préoccupation. Évidemment, au moment du vote, ils se rallient à la discipline de leur parti. Mais si nous travaillons ensemble en amont, avant que les projets n’arrivent à l’hémicycle, nous pourrions porter ensemble des propositions utiles. L’important, ce n’est pas qu’on dise que c’est Gogué qui a proposé telle loi, mais que des lois soient adoptées pour améliorer la vie des Togolais.

Laabali : Quel est votre avis sur le choix de Barry Moussa Barqué à la tête du Sénat, en tant que fils de la même région que vous ?

Aimé Gogué : (Rires) Je ne veux pas aborder cela sous l’angle géopolitique. Je connais Barry Moussa Barqué depuis 1964. C’est un aîné. Son élection relève du choix des sénateurs. Qu’il appelle à l’unité et à œuvrer pour le Togo, c’est une bonne chose. Il a de l’expérience, espérons qu’elle soit utile.

Laabali : En cas de formation d’un gouvernement d’ouverture, ADDI compte-t-il y participer ?

Aimé Gogué : Dans nos pays en développement, ce type de gouvernement n’a pas beaucoup de sens. La majorité cherche souvent à intégrer quelques membres de l’opposition pour donner un nouveau visage au gouvernement, alors que le programme est déjà défini. Quand vous participez à un tel gouvernement, vous n’avez pratiquement aucune marge de manœuvre. ADDI ne participera à aucun gouvernement, qu’il soit dit d’ouverture, d’union nationale ou autre, sauf s’il y a eu en amont de véritables consultations entre partis politiques, débouchant sur un consensus et un programme commun élaboré ensemble.

Laabali : On sait que vous voyagez souvent, notamment vers le Canada. Quel est votre message à la diaspora togolaise ?

Aimé Gogué : La diaspora togolaise joue un rôle important pour atténuer la dégradation des conditions de vie des populations au pays. Elle mérite nos encouragements et nos félicitations pour continuer dans cette voie. Cela dit, il ne devrait pas y avoir de distinction entre ceux qui sont à l’étranger et ceux qui sont restés au pays. La diaspora ne doit pas penser que ceux qui sont restés ici ne font rien, et inversement, ceux qui sont au pays doivent cesser de croire que la diaspora est inactive. Je souhaite que tous restent engagés, sans découragement, afin que, tous ensemble, nous puissions obtenir de meilleurs résultats dans notre lutte commune.

Laabali : Le président Faure Gnassingbé vient d’être désigné par l’Union africaine comme médiateur dans la crise à l’Est de la RDC. Qu’en pensez-vous ?

Aimé Gogué : Cette crise dans l’Est du Congo est vraiment regrettable. Le président Faure Gnassingbé a des contacts faciles avec Kigali. Et, depuis le temps de Gnassingbé Eyadéma, le Togo entretient de bonnes relations avec le Congo. J’ose espérer que cela portera des fruits. Nous avons notre propre appréciation de sa gouvernance au Togo, mais s’il peut aider à résoudre cette crise pour le bien de l’Afrique, ce serait une bonne chose. Nous lui souhaitons plein succès.

Laabali : Quel regard portez-vous sur l’évolution politique dans les pays de l’AES ?

Aimé Gogué : (Rires) C’est compliqué. Je pense qu’on ne doit pas faire de politique uniquement à coups de slogans. Il est vrai que les anciens dirigeants dans l’AES ont montré des limites, mais les Africains doivent apprendre à ne pas se laisser emporter par les émotions. Lorsque j’étais étudiant, je débattais souvent avec mes camarades qui accusaient les Français de néocolonialisme. Accuser l’Occident ou la France de tous nos problèmes, plus de 60 ans après les indépendances, est infondé. Les puissances étrangères défendent leurs intérêts, et elles continueront à le faire. Ce n’est pas une surprise. Nos pays doivent aussi défendre leurs propres intérêts. Cela ne peut pas constituer à lui seul un programme politique. Les dirigeants actuels de l’AES sont arrivés au pouvoir au nom de la sécurité de leurs peuples. Il faut qu’ils sachent qu’ils seront jugés sur leurs résultats, pas sur leurs discours.

Entretien réalisé par Robert Douti

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