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Françafrique : Vers les déboulements des derniers emblèmes du néocolonialisme

par Robert Douti - 2023-09-08 08:17:05 251 vue(s) 0 Comment(s)

Un infirmier militaire français a tué par balle, le mardi 6 septembre 2023, un soldat tchadien dans une base des forces françaises à Faya Largeau, dans le nord du Tchad. Cette garnison française est présente à Faya Largeau depuis quarante ans. L’annonce de la mort du soldat tchadien a suscité une manifestation des populations civiles devant la base. Dans la même semaine des nigériens ont manifesté devant la base militaire française réclamant la fin des opérations militaires françaises au Niger. Pour certains observateurs, l’Afrique enregistre 07 coups d’Etat en trois ans, depuis la guerre froide. Mais le dénominateur commun de la plupart de ces coups d’Etats du moins ceux en cours dans le Sahel, c’est les émeutes populaires contre les bases militaires étrangères. Un phénomène qui nécessite une réflexion d’autant plus que pour asseoir la colonisation, il y a de cela 60 ans, il fallait l’implantation des bases militaires. Un emblème fort des rapports entre l’Afrique et la France, dont son déboulonnement sonne comme la fin d’une ère géopolitique.

Ce qui est unanime dans la plupart des Etats du petit Sahel, c’est que les populations manifestent contre les bases militaires étrangères. En un mot, contre la présence des bases militaires françaises dans lesdits pays. Ce qui manifestent aujourd’hui, sont les descendants de ceux qui ont vécu la colonisation. Or la colonisation s’est implantée en Afrique par l’implantation des bases militaires. Pour ce qui est de la France en Afrique, les bases militaires ont été prégnantes pendant la période coloniale. Mais aussi présentes dans plusieurs territoires de ces anciennes colonies.
Contrairement à d’autres puissances coloniales à l’instar de l’Angleterre, le Portugal et l’Espagne, qui sont parties avec leurs bases militaires au lendemain des indépendances, la France a fait le contraire. Elle y restée au travers une politique de garde de bases militaires françaises en Afrique. Jusqu’aux années 1990, plusieurs militaires français couplés de mercenaires français ont été pointés du doigt d’avoir participé à des renversements des régimes populaires et révolutionnaires africains.

Le militaire à travers les bases militaires français devient l’élément colonial qui est resté sur l’ancienne colonie. Un emblème colonial qui dénote de la puissance coloniale sur une colonie. En un mot, la présence militaire devient la perpétuation d’une puissance qui ne veut pas mourir. Il s’agit d’une Afrique qui reste comme une colonie aux temps modernes. L’armée étant l’élément emblématique d’une souveraineté, la gardée sur un territoire équivaut à marquer son contrôle et sa souveraineté sur ce territoire. En guise d’exemple, la Chine, l’Algérie, l’Indochine ont été colonisés. Mais les anciennes puissances coloniales n’ont pas gardé de bases militaires sur leurs sols. Ni la Russie, les USA et l’Angleterre n’accepteront l’implantation d’une base militaire de la Corée du nord sur son sol. La plupart des nations qui abritent des bases militaires étrangères, en Afrique sont des anciennes colonies. La base devient ainsi la continuité de la manifestation de la puissance souveraine de l’ancienne colonie.
La demande de départ des bases militaires peut être entendue comme la demande d’une fin d’époque : celle de la présence des emblèmes coloniaux. Il faut mettre fin à la présence de l’ancienne coloniale par son armée qui est sa puissance ou la manifestation de sa puissance. Le même schéma de lecture se poursuit avec les demandes de départ des ambassadeurs français. Il s’agit d’une forme de rupture avec le discours que des manifestants jugent comme le néocolonialisme. L’ambassadeur étant le représentant de l’ancien colon, demander son départ, c’est remettre en cause les rapports anciens, et rejeté les rapports nouveaux basés sur les ingérences et les impositions de vision. Il s’agit de mettre côte-à-cote le passé et le présent, et demandé à l’ancien colon de quitter. Les ressorts de ces colères sont anciens, souvent exacerbés par la corruption des systèmes des dirigeants politiques africains.
Avec la fin des bases militaires qui s’annoncent, c’est le déboulement d’un emblème colonial. Il reste d’autres emblématiques la monnaie (FR CFA), l’école coloniale, la langue française, le système politique et les religions.

Laabali

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