Politique

Électrification rurale : A Tamondjoaré, les espoirs s’émoussent

Dans le village de Tamondjoare-Est, les populations sont dans l’attente d’électricité pour implémenter leurs activités économiques. Pourtant, l’installation d’une ligne électrique censée transformer le quotidien des habitants date de 2014. A ce jour, dix ans plus tard, cette infrastructure qui avait suscité les espoirs d’un lendemain radieux, reste inexploitée. Visite dans un village des Savanes qui n’attend que la lumière électrique pour se hisser au rang d’une zone urbaine.

Tamondjoaré ou la cité de Tanmondjoal Littéralement traduite, colline de pierres rouges désigne le village d’un peuple si hospitalier qui a élu domicile dans cette plaine entourée de falaise. En ce mois de mars, comme chaque année, ce village des gourma pour faire face à la chaleur abrite du chakpalo « boissons locale faite à base du sorgho ». Une culture céréalière pratiquée dans cette contrée septentrionale du Togo, depuis belle lurette. Et pour goûter cette boisson locale, les arrivants du village se retrouvent sous un grand arbre situé à l’entrée gauche du village. Ici, non loin des cimetières du village, les populations tissent des relations. Comme tout village Gourma, tout le monde se connait ici. Et, c’est sous cet ombrage de ce grand arbre que nous arrivons, alors que l’essaim d’abeilles bourdonnent dans le ciel éclair.

Lorsque les populations parlent dudit village, c’est l’expression des promesses non tenues. Une situation qui suscite incompréhension et désespoir. Des doigts pointés vers des fils électriques le long de la seule voie non bitumée. Un projet, qui date de plusieurs années.

Un projet gouvernemental d’électrification rurale a été réalisé il y a de cela dix ans dans le village de Tamondjoare-Est.Depuis lors, les poteaux ont été dressés, les câbles tendus, les lampadaires fixés mais les populations n’ont jamais vu un moindre éclairage, faute d’un transformateur d’énergie. Les habitants ignorent les raisons qui expliqueraient ce blocage. Tristes, ils sont restés recroquevillés sur leur sort. Un flou plane autour de la responsabilité de la mise en œuvre entre les différents acteurs du projet.

L’absence d’électricité a des conséquences directes sur la vie quotidienne des habitants. L’économie locale est paralysée. Dans cette situation d’obscurité et de manque d’énergie électrique dans la journée, la plupart des commerçants ne pouvant exercer leurs activités économiques dans ces conditions sont forcer de s’installer ailleurs.

Les quelques rares qui ont dressé leur boutique tout au long de la rue peinent à évoluer. Lalle Yoguepénde a une boutique dans la zone « ici, nous ne pouvons pas vendre comme Nalouate ou Korbongou, (des localités voisines électrifiées) parce que nous n’avons pas de courant. J’avais pensé associer la vente du poisson frais qui est très prisé ici ; à la bière que je vends déjà à chaud mais hélas ».

La plupart des artisans ont migré également vers d’autres lieux pour installer leur atelier. Les plus résilients qui sont présents se lamentent également. Douti Dakonyéme est maitresse couturière « j’ai appris la haute couture, j’ai une machine brodeuse mais par faute d’électricité, je sollicite souvent les services de mes collègues qui sont à Korbongou pour faire la broderie »

Un manque à gagner pour la commune

L’installation des boutiques, des ateliers et entreprises locales favorise le maintien des populations notamment les jeunes dans le milieu. Pour les mairies, cela permet la collecte des taxes municipales afin de financer le développement. Cette situation que vivent les commerçants et artisans se répercute également sur l’éducation.

A la tombée de la nuit, seules quelques maisons disposant d’énergie solaire sont éclairées. De nombreux élèves vivent dans l’obscurité et ont du mal à réviser ; ce qui peut affecter leurs performances scolaires. La région des Savanes traverse une crise sécuritaire depuis 2021. Tamondjoaré-Est est frontalier avec la préfecture de Kpendjal-ouest qui a enregistré des attaques terroristes. La présence de l’électricité dans ce milieu permettrait de mieux sécuriser la zone.

Face à cette situation, les habitants de Tamondjoare-Est expriment leur frustration. Ne sachant à quel saint se vouer, ils préfèrent garder le silence.
La mise en service de cette ligne électrique est essentielle pour le développement de Tamondjoare-Est. Une volonté forte et une meilleure coordination des parties prenantes sont nécessaires pour qu’enfin, cette infrastructure devienne fonctionnelle.

En attendant, les habitants restent dans l’obscurité, espérant une solution rapide à cette crise qui dure depuis trop longtemps.

Valentin kolani
Laabali.com