Alors que l’Agence Togolaise de Presse (ATOP) célèbre ce mois-ci ses 50 ans d’existence, il est essentiel de faire un zoom sur celles et ceux qui, par leur engagement, font vivre l’information au quotidien. Parmi eux, Victoire Kpatsa, une journaliste qui a su s’imposer sur le terrain malgré les défis inhérents à son métier et aux contraintes sociales. Son parcours est celui d’une femme déterminée, qui conjugue passion et résilience pour informer.
Elles sont rares, celles qui arpentent le terrain micro en main, bloc-notes dans l’autre, prêtes à capturer la réalité dans toute sa complexité. Au Togo, si des femmes sont bien présentes dans les médias, elles sont souvent cantonnées aux bureaux, préférant l’ombre des rédactions aux imprévus du terrain. Un choix dicté par les contraintes sociétales, familiales et parfois même par un environnement professionnel peu accueillant. Pourtant, certaines s’imposent avec passion et détermination, comme Victoire Kpatsa.
Diplômée en licence option journalisme professionnel de l’Institut des sciences de l’information, de la communication et des arts de l’Université de Lomé, Victoire Kpatsa n’a jamais douté de son choix de carrière. Dès ses premiers pas à Radio Virgo Potens d’Atakpamé, puis à Radiolomé et au journal Santé-Éducation, elle a su que sa place était dans l’action, au plus près de l’information. Son parcours l’a ensuite menée à la Télévision Togolaise (TVT) et à l’ATOP, où elle exerce aujourd’hui en tant que responsable préfectorale à l’antenne d’Anié.
Mais être une femme journaliste de terrain au Togo n’est pas chose aisée. Conciliant vie professionnelle et obligations familiales, Victoire doit faire face à des remarques désobligeantes et à des préjugés persistants. « Il arrive des moments où l’on nous dit : ‘Vous ne devez pas amener votre enfant avec vous’ », confie-t-elle. Des paroles qui frustrent, mais qu’elle préfère ignorer pour avancer avec le sourire.
La pression ne vient pas seulement de la société, mais aussi du cercle familial. Son mari, jaloux, peine parfois à accepter ses nombreuses sorties sur le terrain. « Il imagine des choses impossibles ! Mais avec le temps, je lui ai prouvé que ma passion pour le journalisme n’a rien de compromettant, et il me fait confiance. »
À celles qui veulent suivre ses pas, Victoire donne des conseils clairs : « Il faut d’abord une formation professionnelle en journalisme, aimer ce métier avec passion et être déterminée à surmonter les obstacles. » Car, dit-elle, les épreuves sont nombreuses et les pièges fréquents. Mais avec de la résilience, les portes s’ouvrent.
Sous le soleil, au milieu de la foule, un bébé contre elle, calepin et enregistreur en main, Victoire Kpatsa illustre avec force l’image d’une femme qui a su s’imposer dans l’univers médiatique togolais. Une exception dans un paysage où les femmes de terrain restent encore trop rares. À travers son engagement, elle incarne l’esprit de l’ATOP, qui, depuis un demi-siècle, s’efforce de porter l’information au plus près des réalités du pays.
Robert Douti
Laabali