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Culture

Dapaong : L’élevage des chevaux, une pratique de plusieurs générations

par Edouard Samboe - 2023-03-16 10:09:37 713 vue(s) 0 Comment(s)

A Tantigou, un quartier de la ville de Dapaong, la pratique du cheval est toujours d’actualité. Une pratique de plusieurs générations liée à certaines familles, qui sont des élevages et des dresseurs de ces animaux de compagnie. Aujourd’hui, ceux qui ont les moyens en achètent, mais autrefois, il faillait être un initié ou issu d’un certains clans pour en posséder.

 Depuis plusieurs siècles, le cheval est l’apanage de certaines familles reparties dans plusieurs villages de la région. Considéré, à l’origine comme un animal de compagnie, le cheval est avant tout un animal de guerre, de conquête et de bataille. Il est aussi est un animal de voyage et de royauté.

Jusqu’à récemment les familles royales et princières ont utilisé du cheval comme un animal du roi. A chaque intronisation du roi, dans un village, il monte sur le cheval muni de sa cane pour exprimer la prise du pouvoir. En substance, chaque roi à son cheval, souvent de couleur blanche.

D’autres villages, les guerriers ou les chasseurs aussi avaient leurs chevaux, souvent offerts ou achetés, pour usage personnel ou en faveur de la communauté.

Selon les rites d’intronisation, après sept jours passés dans un lieu secret d’érection du roi, celui-ci rentre dans sa cour, après l’immolation d’un cheval blanc. La peau de cheval blanc étalé sur le sol, lui sert de lieu de reposoir. D’où le dicton, « sans la peau du cheval blanc, le roi ne doit s’asseoir ». Sont liés à ce rite, des prénoms tels que Nan-Gbong ; Bad-gbong, traduits littéralement par « la peau qui appartient au roi ». Ces noms sont donnés aux nouveau-nés pendant la période d’intronisation. Ce sont des noms qui expriment la liberté royale. La plupart du temps, ces noms sont portés par des proches d’une famille royale. Ce sont des noms que portent les filles et les garçons.

On raconte que les cavaliers, propriétaires du cheval :  ces clans mythiques ou mythiques qui ont toujours entretenus ou élevés les chevaux, sont des Tamdamba ou Tamdam « gardiens des chevaux ou cavaliers ». Ces derniers avaient le secret de faire courir le cheval, le dresser et l’amener au combat. Ils sont toujours associés au Tandjagda ou Tandjaga , qui sont les conducteurs de chevaux ou les cavaliers. On y retrouve encore à travers la région des patronymes pareils, mais aussi dans la région de l’est du Burkina.

Ainsi, on retrouve des localités dans lesquelles les chevaux ont séjourné ou sont dressés dans la région des savanes. On parle du village de Tambaong « lieu où les chevaux tombent ». Dans ce village entre Bombouaka et Dapaong, on raconte que jadis lors des guerres, lorsque pourchassés par les cavaliers, les habitants avaient des techniques ou faire tomber les chevaux dans les falaises. D’autres racontent que ces falaises permettaient aux cavaliers de montrer leurs puissances mystiques lors des sauts dans les falaises.

Dans plusieurs villages Boulogou, Barkoissi, le cheval était présent dans leurs réalités. Dans une des montagnes de Boulogou 2, on y trouve des roches portant des sabots de chevaux. On raconte que  ces espaces étaient autrefois habités par les tamdamba ou tamdam, qui étaient des cavaliers mais aussi des laboureurs saisonniers « kpa-waog ou kpa-waad ». Ainsi, ont-ils laissé des sabots de chevaux inscrits dans les roches pour marquer leurs territoires.

Aujourd’hui, encore, plusieurs familles ont des chevaux qu’elles gardent depuis plusieurs générations. Il est considéré dans la culture des peuples de la région des Savanes, comme un animal de luxe ou de prestige. Mais aussi d’élégance et de grandeur. Chaque couleur compte, tout comme l’endurance du cheval. La plupart du temps, les chevaux blancs, velus, poilus jouissent d’une admiration sans pareille.

Autant que sa queue, la viande du cheval est appréciée et recherchée. Ce qui fait qu’il devient une espèce prisée parmi les quadripèdes dans la région. Ses os, ses poils sont aussi utilisés pour faire des médicaments traditionnels. On raconte que l’éjaculat du cheval mal a longtemps été utilisé pour soigner les questions d’infertilité ou d’impuissances sexuelles. Mais de nos jours, ce sont des pratiques que quelques familles transmettent à leur progéniture.

Edouard Kamboissoa Samboé

Laabali.com

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