« Des électeurs sont arrivés pour se faire enrôler mais ils sont repartis parce que nous n’avons plus de cartes vierges » relate le président d’un centre de recensement et de vote à Tidonte Mampo,(canton de Sanfatoute), dans la commune de Tône 4. Démarré, le 5 juin dernier pour la zone 3, l’opération d’enrôlement des électeurs a commencé par rencontrer certaines difficultés seulement après cinq jours. Des défaillances se signalent çà et là dans la région des Savanes alors que la commission électorale indépendante (CENI) vient de décider dans un communiqué en date du 10 juin 2023 et signé de son président, la prorogation de l’opération jusqu’au 14 juin.
Des salles vides, des opérateurs de saisies désœuvrés ou des membres de comité des listes et cartes oisifs, voilà l’atmosphère qui a régné dans plusieurs CRV ce 10 juin dans la région des savanes alors que l’opération d’enrôlement des électeurs est à son sixième jour.
Le manque de carburant, un véritable casse-tête.
Dans la région des Savanes, la plupart des CRV sont situés en zone rurale, sans électricité. Les kits fonctionnent avec des générateurs vétustes en majorité gourmands, après de multiples réparations et des malles qui ne chargent pas, condamnés à garder le groupe électrogène allumé toute la journée. Pour cette opération, la dotation en carburant par centre est d’environ 726f soit un litre par jour. Au déploiement des kits, la quantité de carburant reçue était de 5 ou 8 litres en fonction de la taille des centres.
Cependant, sur le terrain, certains centres ont déjà consommé plus de 20 litres (Djamong-gbongbong, Korbongou) depuis le démarrage du recensement. Au CRV Tantoga Nagnimari, la consommation est de 16 litres alors que ceux de Sam-Tantiéri et de Tchabigou en ont consommé 13 litres chacun. Si dans certains cas la CELI a octroyé un complément de 2 litres, dans le reste des centres, ce sont les cadres locaux qui ont mis la main à la poche pour combler le manque en carburant, rapporte des sources bien introduites.
Une situation qui suscite des interrogations. Dans les CELI, les membres évoquent des contraintes budgétaires. » La crise sécuritaire nous pompe suffisamment des sous alors que l’organisation des élections est extrêmement coûteuse, il n’est donc pas étonnant que la CENI rencontre des difficultés » explique un membre de CELI joint au téléphone.
Dans les CLC, les membres déplorent cette situation et parfois avec un ton dur » Notre centre est à plus de 40 km du siège de la CELI, il faut faire presque 90 km en aller-retour à moto pour aller prendre 2 ou 3 litres dans un bidon et revenir alimenter le générateur après avoir utilisé la même quantité de carburant dans la moto. Si le gouvernement n’a pas d’argent, il n’est pas obligé d’organiser des élections sur fonds propres » peste le rapporteur d’un CRV. » Transporter le carburant dans un bidon est un haut risque, tout peut arriver sur la route » ajoute-t-il. » Que fait la CENI des différents rapports et suggestions que lui transmettent les CELI à la fin de chaque élection pour que les même difficultés se répètent à chaque élection ? » , s’interroge un notable. Dans les CELI, les plaintes restent les mêmes, il faut réparer les générateurs qui tombent en panne presque quotidiennement alors que les fonds alloués se révèlent insuffisants.
Le manque de cartes vierge, une autre paire de manche
Ce samedi 10 juin, la plupart des CRV ont fonctionné à minima, faute de cartes vierges. « À korbongou centre, déjà à midi, il n’y avait plus de cartes vierges. Ils nous ont demandé de patienter, le temps que les superviseurs en collectent dans les centres où il y a moins d’affluence pour amener. » rapporte un électeur . Dans l’ensemble, plusieurs CRV pourraient connaître des difficultés ce dimanche si le problème n’est pas résolu. Cette situation était presque général alors que l’on notait une affluence en forte baisse ce samedi en zone rurale au lendemain d’une grande pluie qui a renvoyé les cultivateurs dans leurs champs.
La prorogation de deux jours de l’opération permettra certainement de rattrapper le retard mais pour certains observateurs, les difficultés rencontrées sur le terrain lors de cette opération dans la dernière zone laissent penser que la commission électorale nationale indépendante n’aurait pas tiré de leçons après les zone1 et 2. Aux dernières nouvelles, les cartes vierges ont été convoyées dans les CELI. Il va falloir approvisionner les CRV à temps ce dimanche pour éviter la suspension involontaire de l’opération
Robert Douti
Laabali