Le congrès de l’Union des forces pour le changement (UFC) annoncé pour le 29 mai n’a finalement pas eu lieu. Depuis quelques jours, deux camps au sein du parti dirigé par Gilchrist Olympio s’affrontent par communiqués interposés. Alors que le camp dirigé par Elliott Ohin luttait pour le maintien du Congrès, Jean Claude Hoomaho et les siens remuaient ciel et terre en empêcher la tenue. À l’arrivée, on apprend que c’est le ministre Boukpessi qui souhaiterait éviter le pire au parti des jaunes, a usé de la technique pour interdire la tenue dudit congrès selon Elliott OHIN.
Depuis 2010, il est observé des dissensions , des suspensions et des exclusions dans plusieurs partis politiques de l’opposition. Ces derniers s’affaiblissent au profit du parti au pouvoir au sein duquel règnent une rigueur et une discipline sans égale. Une situation qui interroge de la réelle volonté des partisans du changement dans un pays en quête d’alternance politique depuis 1963.
Tout commence en 2005 lorsque Gabriel Sassouvi Dossey Anyron succombe à la tentation d’aller à la soupe en acceptant le portefeuille du ministère du Tourisme dans le premier gouvernement post-Eyadéma dirigé par Edem Kodjo. Un acte qui ne sera pas toléré à l’UFC. Le 07 septembre 2007, il lui est notifié son exclusion de l’Union des Force du changement dans un courrier signé par feu Patrick Lawson Boèvi.
Un an plus tard, Gabriel Sassouvi Dossey- Anyron désormais privé de l’ombre du palmier sera contraint de se trouver un autre arbre sur lequel il fait son » Nid ». Nous sommes en 2006. En mai 2010, le parti fondé par Gilchrist Olympio scelle un accord avec le Rassemblement du peuple Togolais, vainqueur de la présidentielle. À l’annonce de la composition du nouveau gouvernement dirigé par Gilbert Fossoun Houngbo en mai 2010, Jean Pierre Fabre dans un décret exclu Gilchrist Olympio et les sept membres de l’UFC nommés dans le gouvernement.
Le parti du palmier traverse ses heures les plus sombres. La situation s’enlise. Le 10 août 2010, Jean Pierre Fabre organise un congrès extraordinaire qui entérine l’exclusion de Gilchrist Olympio pour faute grave. Cinq jours plus tard, Gilchrist convoque un autre congrès qui décide de l’exclusion de Jean Pierre Fabre et ses compagnons frondeurs dont Isabelle Améganvi, Eric Dupuy, Ouro Akpo Tchagnaou avec qui, il construira sa hutte le 10 Octobre. Ainsi, naît l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC).
En Octobre 2013, une nouvelle vague d’exclusion vise Dimon Oré, Tchimessé Gbéya ,Adjangba Théophile et Nicodème Habia. Oré crée en mai 2014 le FPD et en novembre 2015, Nicodème Habia fonde les Démocrates en compagnie de Théophile Adjangba et de Gérard Acoumey.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Les crises internes qui ont conduit à l’explosion de l’UFC persistent dans les partis créés par les dissidents. La démocratie interne tant réclamée n’est pas appliquée au sein des nouvelles formations politiques. À l’ANC, ce que Fabre reprochait à Gilchrist lui est reproché par ses lieutenants. En mars 2021, les présidents de 7 fédérations de la diaspora de l’ANC demande la démission de Jean Pierre Fabre de la présidence du parti l’accusant de collaboration avec le régime en place. En bon disciple de Gilchrist Olympio, il agite le bâton de l’exclusion, bâton dont il finira par en faire usage en excluant les sept frondeurs de l’ANC. Et il ne s’arrête pas là. Quatre membres dont Ouro Akpo Tchagnao seront eux aussi virés du parti orange le 17 avril 2023. Ces derniers créent le LDP le 7 mai 2023.
Chez les démocrates, un autre ancien disciple de Jean Pierre Fabre tente d’imiter Fabre en excluant le Président du parti. Il s’agit bien du vice-président Théophile Adjangba. Il sera à son tour exclu avec 13 autres frondeurs par Nicodème Habia. C’était le 31 août 2019. De tous les partis politiques issus de la scission de l’UFC, il ne règne la sérénité que seul dans le Nid de Dossey Anyron et au sein du FDP de Djimon Oré.
Que se passe-t-il en fin dans la sphère de l’opposition politique togolaise, depuis l’indépendance, alors que le parti RPT-UNIR tient les rênes des affaires de la gestion du pays depuis de plus de cinquante ans ? L’histoire de l’opposition politique togolaise est une histoire de rupture, de scission et des croque-en-jambes entre les militants et leurs leaders. N’ayant pu conquérir le pouvoir d’Etat, les leaders des partis extra majoritaires et partis minoritaires s’entredéchirent. Aujourd’hui, la prophétie des pourfendeurs de l’UFC tend à s’accomplir. Le parti historique de l’opposition politique togolaise, UFC qui a changé sa veste à plusieurs reprises au gré des intérêts du moment se meurt…, au point certains analystes s’interrogent de la fin qui sera donnée à la chose de l’opposition politique togolaise dans les prochaines décennies. Wait and see !
Robert Douti
Laabali