La ville de Dapaong à l’instar des autres villes du Togo n’échappe pas au problème d’insalubrité. Des sachets plastiques et autres emballages jonchent nos rues, quartiers et marchés, fautes de poubelles. Entre dépotoirs sauvages, les caniveaux bouchés et l’incivisme grandissant, la ville s’asphyxie. Pour lui donner du souffle et un visage attrayant, l’association féminine pour la promotion de l’hygiène (AFPHY) se bat au quotidien mais pas sans difficultés. Zoom sur cette association aux membres passionnés, qui remplit une activité de service public.
L’aventure commence en 2012 suite au constat de la multiplication inquiétante des dépotoirs sauvages dans tous les quartiers de la ville de Dapaong. Jean Baptiste Laré, diplômé en développement local et gestion des collectivités territoriales, crée l’association féminine pour la promotion de l’hygiène (AFPHY) et part en guerre contre l’insalubrité dans les quartiers.
» Nous avons constaté avec amertume que les dépotoirs sauvages se créaient partout et cela représentait un danger pour la santé des populations, la sécurité des enfants et à la protection de l’environnement. En tant que citoyen, nous avons pensé qu’il fallait agir » explique Jean Baptiste. Au départ, il organise les femmes par groupes de quinze dans les quartiers Worgou, Didagou et Nalolgue. Une campagne de sensibilisation à l’endroit des ménages est organisée dans les quartiers.
Des dépotoirs intermédiaires sont construits, afin d’accueillir les ordures ménagères dans les quartiers. « Les femmes sont chargées de passer dans les maisons pour collecter les ordures moyennant la somme de mille francs par mois. Une fois sur les dépotoirs intermédiaires, il est procédé au tri. Les sachets plastiques sont détruits, les objets en fer sont vendus et le reste des déchets sont utilisés pour le compostage » explique madame Lamboni, membre de l’association.
Peu à peu d’autres dépotoirs intermédiaires voient le jour dans les quartiers Tomone, Nassable et Kombonloaga mais très vite, ils seront débordés.
La construction d’une aire de compostage
En 2018 AFPHY sollicite et obtient de la municipalité un espace sis au quartier Kountongbong et construit une aire de compostage équipée d’un forage avec l’appui des partenaires AGIR abcd, ASF, ESF, Rotary Club Lyon et CYBER. » Il n’y avait pas suffisamment d’espace autours des dépotoirs intermédiaires dans les quartiers pour procéder facilement aux activités de fabrication de composte », explique le responsable de la plateforme.
Désormais sur le site de Kountongbong, tous les déchets triés sur les dépotoirs intermédiaires y sont centralisés. » Les déchets centralisés ici sont tous biodégradables. Ce sont des balayures de ménages, les résidus de récoltes, les cendres, etc.. » précise madame Badongou membre de l’association.
AFPHY sur les traces d’ASNETO ?
Malgré le rôle important qu’elle joue dans la lutte contre l’insalubrité à travers la collecte des ordures ménagères, l’association féminine pour la promotion de l’hygiène (AFPHY), fait face aux dures réalités du terrain. La motivation des femmes chargées de la pré-collecte des ordures et les autres charges sont difficilement supportables alors que l’association peine à se faire des revenus.
» Les ménages peinent à payer pour la collecte des ordures. De mille francs, nous sommes revenus à cinq cents francs, voire trois cents francs le mois mais c’est difficilement qu’ils arrivent à s’acquitter de cette taxe » se complaint madame Kantchoa, collectrice d’ordures. Il faut motiver soixante-quinze femmes et faire face d’autres besoin alors que les recettes sont maigres. » Cette année, nous n’avons pas pu produire assez de compost. Notre dépôt d’ordures au niveau de l’aire de compostage a été l’objet d’un incendie et la quasi-totalité de la matière première est partie en fumée. Les autres ressources proviennent de la vente de l’eau de notre forage et des produits issus de notre jardin expérimental », explique le responsable de la plateforme de l’aire de compostage qui précise que l’association reçoit annuellement une aide financière de deux cents mille francs.
Au regard des difficultés relevées par le responsable de la plateforme, il est fort à craindre que AFPHY (association féminine pour la promotion de l’hygiène) subisse le même sort que ASNETO (Association pour le nettoyage de Tône), cette association qui dans les années 2000 s’occupait de la collecte des ordures ménagères au moyen de charrettes trainées par des ânes. Malgré l’appui de la coopération française et de Kare Project, il ne reste aujourd’hui de cette association qu’un siège en ruine où s’entassent des squelettes de charrettes sur la route de Koni.
Robert Douti
Laabali
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