L’honorable Djagba Tchimbiadja, nationaliste et membre du Comité de l’Union Togolaise (CUT), fait partie des députés élus dès 1958 pour assoir le Togo devenu indépendant. Il participe également à l’indépendance du Togo, aux cotés du premier président togolais, Sylvanius Olympio , comme son compagnon de lutte. Natif de la région des Savanes, il meurt dans les conditions troubles après l’arrivée au pouvoir du feu général Eyadema, au lendemain de la mort de Sylvanus Olympio. L’histoire de sa vie et de sa mort racontée par fille Foussena Djagba dans les colonnes de TogoTime.
En souvenir à l’inoubliable député et martyr Laurent DJAGBA
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Il y a 50 ans déjà que les ennemis de la démocratie, du progrès t’ont cruellement arraché à la vie, Djagba Tchimbiadja Laurent. Grand ami de feu le président de la jeune République togolaise Sylvanus Olympio, tu fus.
L’honorable Djagba Tchimbiadja, de son vivant, fut un nationaliste chevronné et un responsable politique. Il adhéra au Comité de l’Union Togolaise (CUT) et fut élu député à l’Assemblée Nationale de la jeune République togolaise dans les années 1958, questeur de ladite Assemblée Nationale, mais aussi membre de la commission des affaires étrangères et de défense du bureau central et de la commission des hôpitaux de l’administration publique. Pour la petite histoire, il fut élu comme député dans une circonscription dont il n’est pas originaire, préfecture de Tandjouare. Toutefois, il fut le plus jeune des députés de Dapaong.
Après l’assassinat du premier président de la jeune République togolaise, Sylvanus Olympio, le sanguinaire général sac à dos, feu Étienne Eyadema avait simulé un coup d’état dont il vous avait fait porter la responsabilité, papa, certains de tes collaborateurs et proches. Pour échapper à vos détracteurs, il a fallu que vous quittiez le Togo pour la Guinée Conakry en bâteau pour retrouver vos amis Kwame N’Krumah et Sékou Touré. Hélas vous avez raté le bateau qui devait vous embarquer au port de Tema, sur conseils des amis ghanéens, vous vous êtes rendus à Takoradi au Ghana afin de continuer le périple mais c’est sans compter sur la méchanceté de vos assassins qui étaient de mèche avec d’autres sur ce territoire étranger. Ils ont fini par vous traquer.
Comme tous les autres compagnons, proches ou amis de feu Sylvanus Olympio, Djagba Laurent et ses compagnons furent arrêtés à Takoradi au Ghana, ramenés au commissariat d’Accra puis déporté via un hélicoptère à Lomé. Emprisonné avec ses compagnons de lutte au camp militaire de Tokoin, il fut arbitrairement condamné à vingt (20) ans de prison ferme et succomba aux suites de tortures quotidiennes qui lui furent administrées par les barbares en uniformes.
Le chef de l’Etat d’alors, feu le général Étienne Gnassingbe Eyadema, bien sûr, vous avait humilié publiquement en vous faisant promener en slip dans les marchés et grandes villes, et le comble était de vous demander d’exercer l’acte sexuel à même le sol, un acte indigne et ignominieux infligé à un homme de votre rang. Pendant tout ce temps, ton détracteur, feu le général sac à dos y prenait plaisir.
Djagba Laurent a subi toutes ces humiliations et succomba. Et c’est à la faveur de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) que des dossiers brûlants comme celui de Djagba Tchimbiadja Laurent ont fait émouvoir les participants. Et c’est le Dr Atidepe qui a pris sur lui la lourde responsabilité de narrer cette fin tragique de Djagba Laurent à l’auguste Assemblée. Durant sa communication, Dr Atidepe a levé le voile sur les moments obscurs, difficiles, éprouvants que toi et tes compagnons d’infortune ont subi tous les jours dans les geôles de la part des tortionnaires de feu le général Etienne Eyadema Gnassingbé.
« Et c’etait un 31 décembre 1970, papa, que les barbares t’ont fait sortir de ta cellule, leur routine en te rouant de coups de bottes, de ceintures, de matraques de la manière dont trois femmes pilent le fufu jusqu’à ce que tu succombas selon Dr Atidepé. Cette soirée-là, hélas tu n’avais pas pu résister aux coups. Papa, tu retournas dans ta cellule sans vie mais sourire aux lèvres…
50 ans jour pour jour, après ton départ de ce monde et jusqu’à aujourd’hui, ton corps est toujours introuvable. Quelle double agonie pour la famille ? « Sur la tombe d’un marin ne fleurissent-elles pas des roses ? » s’exclama Calameo.
Papa, ils t’ont accusé à tort tout simplement parce que tu n’avais pas voulu collaborer avec le diable…
Ils t’ont persécuté parce que tu étais contre l’injustice…
Ils t’ont humilié parce que tu avais refusé de trahir la mémoire de feu le président Sylvanus Olympio…
Ils t’ont innocemment condamné à 20 ans de prison ferme parce que tu as refusé de vendre ta conscience contre les billets de banque….
Ils vous avaient accusé d’être les instigateurs du coup d’Etat de 1970 parce que votre présence les gênait, une façon de se débarrasser de vous…
Feu le général Eyadema t’avait proposé un poste ministériel que tu avais patriotiquement refusé, et pour ce général sac à dos, c’était un affront…
Ils nous ont privés d’amour paternel…
Hélas certains de tes enfants ne t’ont connu que sur les photos.
Papa, la lutte que vous avez commencée, n’a toujours pas abouti. Ils ont confisqué le pouvoir, ces ennemis de la liberté et de l’alternance. Votre cher Togo, la République d’antan est devenue aujourd’hui le royaume des Gnassingbe. Dites-nous papa que cela va finir bientôt !!!
Inculque-nous cette bravoure, ce courage et ce patriotisme, mais inculque-nous surtout l’amour pour la patrie-mère le Togo qui ont caractérisé ta vie et laissé des empreintes appréciées de tous ceux et celles qui t’ont connu et aimé de ton vivant.
Des fois nous nous consolons avec « papa est vivant, il croupit dans une des geôles du pays, et va être bientôt amnistié »
Aujourd’hui, jour anniversaire de ta brutale et inoubliable disparition, nous : ton épouse, tes enfants, petits-enfants et arrière-petit-enfants, te pleurons, nous nous souvenons de toi et de tes compagnons de lutte : Pr Sylvanus Olympio, Dr Attidepe, Osseyi, Lanzo, vieux Dobli, Kolor, Plakoo, Tchankoum, Da Cruz, d’Almeida, le juge Kwassigan, etc…
Daigne Dieu continuer de vous accorder, vaillantes âmes, le repos éternel.
Vous vous êtes sacrifiés pour que vive le Togo mais hélas…
Auteur : Fousséna DJAGBA
Source Togotribune
Laabali