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Écoles sous paillotes à Tandjouaré: Le Canton de Boulogou abandonné par l’Etat central

par Edouard Samboe - 2023-01-06 20:48:49 1320 vue(s) 1 Comment(s)

Dans le canton de Boulougou ( préfecture de Tandjouaré), c’est la nature qui dicte les jours des cours. Les élèves de certaines écoles suivent les cours avec les yeux rivés au ciel. Il arrive que les vents, la chaleur, les tempêtes et les pluies imposent leurs agendas aux pauvres écoliers. Lesdits élèves sont obligés d’abandonner les salles faites en pailles et bois pourris pour préserver leur sécurité. Devant ce périple, les populations et les élèves ne savent plus à quel saint se vouer.

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EPP Boulogou C,quartier Bougou, fondée en 2017. 7 ans après, c’est toujours pareil; de salles de classes faites en bois et en pailles s’agitent au gré du vent. Des tables bancs pourris se cassent. Les enseignants ont pitié de leurs élèves , tous petits qui tremblent de froid en cette période d’harmattan. Et, en période de pluie, sont battus et mouillés. Pour les plus anciens des enseignants, la passion s’écourte et l’amertume s’installe. « Comment éduquer une enfant qui a froid», s’interroge l’un d’eux.

Avant, c’était des enseignants volontaires en majorité, mais aujourd’hui , l’école compte au total cinq enseignants, dont trois volontaires parmi lesquels une femme. De ces volontaires, l’un n’a pas de moyen de déplacement, ne serait-ce qu’un vélo. Le pauvre enseignant vient à pied, parcourant plusieurs dizaines de Km, jusqu’à l’école. L’autre enseignant volontaire n’a qu’un vélo, alors que sa collègue, mère d’une petite se faire remorquer sur une moto, chaque matin pour une trentaine de km jusqu’à l’école. Elle même ne dispose d’aucun moyen de déplacement, toujours portant son enfant au dos. Dans cette école, aucun arbre pour s’abriter sous son nombre.

A la vue, l’école s’apparente à une bergerie. Tout est fragile, y compris la toiture. A chaque menace climatique, les salles de classes se referment et les élèves repartent. A plusieurs reprises, les élèves et enseignants ont été témoins de la cassure des salles de classes. A l’entrée de l’école, ces petits élèves font pitié, dans cette cabane, appelée « écoles sous paillotes». Les petits élèves, assis sur leurs bancs voient tout ce qui se passe au dehors, puisque l’école n’est pas fermée. Une école construite sur une terre pauvre, dont la majorité des habitants sont aussi pauvres, selon les témoignages des enseignants. Il suffit d’une bûchette allumette, il ne resteras que de la cendre, en cette période de feu de brousse.

A Boulougou centre ou Boulogou haut, le constat est alarmant. Une autre école en paillote faite à base des tiges des roniers. Il s’agit d’un collègue non reconnu par l’Etat qui abrite plus d’une centaine d’élève. Dans cette école, les salles faites en pailles sont presque détruites. Aucun enseignant n’est reconnu par l’Etat tout comme l’école. Il s’agit des diplômés d’études universitaires venus prêter mains fortes, comme volontaires dans ladite école.

Autant l’état de l’école suscite de la pitié , autant les conditions de vie et de travail des enseignants suscitent de la compassion. Certains y sont depuis plus de 10 ans, mais l’Etat ne semble pas se préoccuper de leur situation. Selon leurs témoignages, des promesses sont souvent faites par l’autorité pour bâtir des bâtiments et recruter des enseignants, mais c’est toujours du bleuf. « nous n’y croyons plus, on a assez passé de concours sans succès, mais ceux qui n’ont jamais fait du volontariat réussissent toujours», nous lance l’un d’eaux, découragé.

Face à l la précarité, c’est l’école primaire catholique qui a prêté un bâtiment en période intempérie pour accueillir les pauvres élèves. Dans ce village aussi pauvre, composé de paysans, qui trouvent difficilement de l’eau potable, il semble encore difficile de collecter des fonds pour en faire une salle de classe digne. Pour les parents d’élèves , d’abord la trouvaille du pain quotidien est pareille à une croix et une bannière.

A moins d’une trentaine de Km de là, une autre école dans une pareille situation.Nous sommes dans le quartier Tigbandong, à l’EPP Tingbandong. Une école publique reconnue par l’Etat qui ne dispose d’aucun bâtiment scolaire digne dce ce nom. Ce n’est que des apatames et des paillotes, dans un état de délabrement total. L’école primaire selon les témoignages des habitants , qui a plusieurs centaines d’élèves, souffrent de l’absence des bâtiments scolaires.

«Certes, la question des écoles sous paillotes est une pilule amère à avaler dans la région des Savanes, mais la situation du canton du Boulogou s’apparente à de l’abandon. Le canton de Boulogou souffre d’une forme d’oubli de l’Etat central», nous souffle un ancien enseignant. Cette situation suscite de l’incompréhension à l’égard de l’Etat central qui devrait veiller à la construction des écoles dans certains canton. Pour certains paysans, il s’agit de construction sélective d’école selon le visage du canton. Sinon comment comprendre, qu’un canton comme Boulogou, qui a abrité sa première école dès 1950 avec les missionnaires franciscains, n’en regorge pas une école publique digne de ce nom, plus de 70 ans après? Comment comprendre, qu’un grand canton comme Boulogou qui a fourni assez d’intellectuels à l’Etat et à l’Eglise n’arrive toujours pas à abriter une école capable de donner de la dignité à l’apprenant?

Comme l’absence d’école capable de sauver la pupille du canton, l’eau demeure une denrée prisée, tout comme la lumière. Situé, d’à peine 10 km de Bombouaka, le canton de Boulogou n’a toujours pas de lumière , ni d’eau potable courante. Une situation qui suscite de l’interrogation et des murmures au sein de l’opinion. Il a fallu ces derniers temps, qu’on débute la construction d’un marché, avec seulement un seul hangar, alors que Boulougou haut , reste un carrefour commercial pour les populations de Pligou haut, Mandiaré, Soungou, Dabogou, etc.

En dehors de bonnes écoles, le canton souffre aussi d’absence de centre de santé primaire pour soulager les pauvres populations. Pour un moindre mal, il faut parcourir plus d’une dizaine de km pour se soigner à Bombouaka.

Quoi qu’il en soit, dans les faits, Boulogou existe, mais les réalités existentielles demeurent une préoccupation pour un canton qui veut enclencher son développement. Et, ce développement passe aussi par la construction de bonnes écoles , l’accès à l’eau potable, à la santé et à électricité.

Tout comme Boulogou, le canton Kpembonga, Warkambou, Tanmongou vivent les mêmes réalités; cette réalité d’écoles sous paillotes, d’absence de centre de santé, et l’accès à l’eau potable et à la lumière, etc.

Edouard Kamboissoa Samboé

Laabali

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