Depuis plusieurs années, l’on assiste de plus en plus à l’érection çà et là des nouvelles routes, des écoles, des centres de santé et autres infrastructures socioéducatives de premier plan. Ces réalisations sont possibles grâce à la mobilisation des resources par le gouvernement même si l’apport des partenaires financiers est aussi d’une importance non négligeable. Malheureusement, les populations devenues beaucoup plus exigeantes envers l’Etat ne semblent pas vouloir jouer pleinement leur rôle en tant que contribuables . Sur le terrain, le constat est sans embages.
Des opérateurs économiques dans la clandestinité
Gnalibaoug, un quartier périphérique au sud de Dapaong. ‘Dans le coin d’une ruelle qui se transforme peu à peu en rigole, se dresse un bâtiment plongé dans le feuillage des acacias qui bordent l’intérieur de la clôture. Dehors, près du grand portail , un jeune se repose sur une chaise en bambou. Des riverains nous informent que c’est le gérant des lieux, une auberge clandestine. Pour parvenir à cet endroit, aucune plaque indicatrice, aucune enseigne sur la clôture de la maison, et ceci juste pour ne pas attirer l’attention des services de l’office Togolais des recettes, selon certaines confidences . D’après des témoignages recueillis par notre rédaction,ils seraient nombreux ces établissements à caractère commercial qui opèrent en toute clandestinité partout sur le territoire national. Ces genres de pratiques sont à décourager car, constituant un manque à gagner pour l’Etat. À ce premier mal viennent s’ajouter les fausses déclarations des recettes, la corruption et parfois même les violences faites aux agents des services de recouvrements. Il est temps de changer d’attitudes.
Sensibilisation, information, éducation fiscale pour guérir le mal
D’après un élu local, l’incivisme fiscal n’est pas toujours délibéré ou inconscient mais plutôt secrété par le manque d’information. » La revendeuse de bouillie ou le charcutier du quartier ne sait certainement pas ce qu’est l’impôt, quel est son rôle et sa finalité. Nous l’avons expérimenté en interrogeant quelques citoyens qui nous ont surpris par leurs réponses » L’ impôt, ça n’existe plus ! Ce mot nous rappelle le temps de Sylvanus Olympio. Eyadéma est venu et nous a sauvé, de nos jours on ne la paie plus « , nous a répondu Amadou Benga, bouvier à Sibortoti. La vieille Sankoungue du quartier Natébagou est allé dans le même sens, expliquant que de nos jours, personne ne paie plus l’impôt. » Moi, j’ai été donnée en mariage parce qu’à l’époque, mon père n’avait pas 15f pour payer aux collecteurs d’impôt lorsqu’ils ont débarqué au village. C’est le père de mon mari qui a payé pour mon père pour m’avoir comme épouse en échange plus tard « . Ces réactions prouvent à suffisance que les efforts de communication que nous constatons de la part des services de l’administration fiscale ne sont accessibles qu’aux « initiés ». Beaucoup reste donc à faire .
Récompenser les meilleurs contribuables
Même si certains citoyens ne s’acquittent pas de leur devoir de payer les impôts, il faut cependant souligner que beaucoup sont de bons exemples. C’est le cas de Issaka Halarou, menuisier à Nassablé qui se réjouit d’être toujours en règle avec l’office Togolais des recettes. Il propose de récompenser ceux qui sont de bons exemples en vue de les encourager et surtout inciter les autres à leur emboiter le pas. » Cette initiative pourra promouvoir le civisme fiscal , susciter l’amour pour la patrie et inciter les populations à payer ce qu’elles doivent à l’Etat .Actuellement, notre région est en proie à l’insécurité, le gouvernement déploie d’énormes moyens pour assurer la sécurité afin de nous permettre de mener nos activités. Nous devons faire notre part en s’acquittant sans contrainte de nos impôts » conclut-il.
À l’ère de la prolifération des mouvements panafricanistes et souverainetistes dans nos pays, la mobilisation des ressources en vue d’alimenter les caisses de l’ Etat doit être au rendez-vous beaucoup plus à l’interne afin d’éviter de toujours tendre la main à la communauté internationale. Il faut éduquer ,sensibiliser, former et informer mais aussi renforcer les contrôles pour décourager les brebis galeuses. Personne ne viendra construire le Togo à la place des Togolais.
Robert Douti
Laabali.com