Les Togolais qui tirent le diable par la queue ne sont pas encore au bout de leur peine. Dorénavant, ils font face à une nouvelle augmentation du tarif de l’électricité à en croire un communiqué publié au journal officiel depuis le 26 mars 2025. Alors que les consommateurs s’interrogent sur les mobiles de cette nouvelle augmentation, la Ligue Togolaise des Consommateurs (LTC) déclare son incapacité à aller au-delà des dénonciations.
Cette hausse survient dans un contexte national marqué par le verrouillage de l’espace civique, où syndicats et partis politiques sont réduits au silence. À peine la nouvelle hausse du tarif de l’électricité annoncée, Emmanuel Sogadji, président de la Ligue Togolaise des Consommateurs (LTC), a, comme de coutume, exprimé la position de son organisation au micro de Laabali Média. S’il demande à l’État de revoir sa copie, il reconnaît néanmoins les limites d’action de la LTC : « Nous, on est une organisation de la société civile et nous ne pouvons que faire ce que nous faisons (dénoncer). Il revient aux consommateurs de prendre leurs responsabilités. »
Cette posture, devenue une tradition est révélatrice d’une société civile réduite à la dénonciation verbale, sans relais politique ni levier citoyen pour transformer l’indignation en mobilisation. D’autant plus que le président de la LTC admet ne pouvoir « organiser » cette prise de responsabilité des citoyens. À ses yeux, seul un réveil des consommateurs pourrait changer la donne.
Mais ce réveil est peu probable dans un contexte aussi verrouillé. Depuis plusieurs années, le pouvoir en place étouffe progressivement toute tentative de protestation qu’il soit politique ou sociale. Les partis politiques sont bâillonnés, les syndicats sous pression. Toute mobilisation est étouffée dans l’œuf. Même la Synergie des Travailleurs du Togo (STT), habituellement active sur les questions de pouvoir d’achat, semble marcher sur des œufs. Elle projette néanmoins une réunion prochaine avec les secrétaires généraux des différents syndicats pour se pencher sur la question.
Dans ce climat où la peur remplace l’engagement, les hausses de prix se succèdent sans réelle opposition. L’État agit unilatéralement, sans consultation des organisations de défense des consommateurs, comme le regrette la LTC. « Sous d’autres cieux, nous aurions été associés à cette décision », affirme l’association, amère.
La conséquence est double : d’un côté, un gouvernement libre de fixer les tarifs à sa guise ; de l’autre, une société civile désarmée, condamnée à observer et commenter, sans pouvoir agir.
Au final, cette situation démontre la fragilité des mécanismes de défense des citoyens au Togo. Tant que le verrouillage de l’espace public perdure, la dénonciation restera une voix sans écho, et les consommateurs, livrés à eux-mêmes, continueront de porter leur croix, en silence.
Robert Douti