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La maraichéculture : Une manne pour la région des Savanes

par Edouard Samboe - 2025-03-27 13:52:56 188 vue(s) 0 Comment(s)

Une surface de production des oignons à perte de vue et verdoyante, un tonneau rempli de fumier, des légumes et des arbres fruitiers, des motos pompes et des engins roulants, etc. C’’est à ce titre que la fosse aux lions, anciennement site touristique, abritant les animaux sauvages de toutes espèces, s’illustre à l’orée de cette année 2025. Produire localement, en respectant les enjeux climatiques et environnementaux, mais surtout fournir des aliments sains et bios. Une forme d’agroécologie dont les tenants sont des solutionneurs des problèmes de nutrition locale. Il s’agit de mettre en évidence les techniques anciennes de préservation des terres des petites exploitations agricoles qui allient « sauvegarde de l’environnement et production biologiques ».

« J’étais en Côte d’ivoire travaillant dans un site d’orpaillage, après 10 ans, j’ai gagné 10 millions de FR CFA. J’ai acheté un camion taxi pour mon premier-né. Je ne voulais pas que mon fils souffre comme moi », explique Lardja Konlani, 50 ans révolus. « Je suis revenu ici, à Koumbougou pour entamer le jardinage. Je suis le premier ici, avant que mes cousins ne me suivent. A l’époque, on arrosait nos jardins avec des sceaux d’eau portés sur nos tête », ajoute-t-il si confiant, alors qu’il parcourt l’étendue de sa parcelle.

Nous sommes dans le lit de l’ex fosse aux lions, ce 26 Mars 2025, alors qu’une pluie fine venait à peine de laisser la rosée sur les tiges de piments. C’est en se faufilant dans les sillons que les invitées de Lardja Konlani récoltent pour la troisième fois des piments verts. Il s’agit de la dernière récolte pour cette saison finissante. Dans son champ de deux hectares où il cultive des légumes et essentiellement du piment vert, la technique bocage à base des engrais organiques, notamment le fumier et le compostage est mise en avant. De toute évidence, pour la résistance de ces produits, les produits chimiques sont évités.

Lardja comme ses cousins qui sont ses voisins des champs, n’a pas suivi de formation en maraichéculutre. Mais ils puisent l’essentiel de sa matière dans la connaissance empirique des paysans. Avant lui, dit-il « mon grand-père, mon père étaient des paysans. La terre et nous est une histoire d’amour de toujours ». Il se dit pratiquer une forme de l’agroécologie qui valorise autant la terre que l’environnement. Pionnier dans son domaine, puis suivis par des dizaines d’autres jardiniers, aujourd’hui, organisés dans une association, ils s’apparentent à des néo-convertis dans la maitrise des jardins. Une expérience jugée satisfaisante, qu’ils tentent de faire tache d’huile dans leur village.

Sur les rives du barrage de Yamyane, à l’ouest de la ville de Dapaong, la passion des jardins continue de faire œuvre utile. Les surfaces de cultures portant des verdures notamment des légumes sont à perte de vue. Femmes et hommes se concurrencent pour la maitrise des basfonds. Dans cette baie, chaque année des sommes considérables sont tirées, après la vente des récoltes.  Lamoussa Bomboma et son cousin, Maldja Bimdjoa, originaires du Village de Tonte témoignent : « Nous parcourons plus 30 km par jour pour venir ici dans ces jardins. On se fait de l’argent dans ces espaces.  De l’exploitation de ces parcelles, nous avons bati des maisons et payer des terres, sans compter la prise en charge de nos familles ». Leur histoire remonte à plusieurs années plus tôt. « Nous souffrions de la famine, puisqu’il n’y avait d’eau et des terres. Nous sommes partis en aventure au Ghana, puis nous avons été contraints à rentrer. Arrivés ici, le barrage de Yamyane a été construit, et depuis lors, on s’est lancé dans les jardins. Nous mangeons à notre faim et nous nourrissons nos proches de nos jours ». Comme eux, ils sont nombreux, ces jeunes revenus de l’aventure qui ont décidé de se lancer dans le jardinage. « Avec l’avènement des maraichages, le vol, les assassinats et les bagarre ont diminué », relève le chef canton de Yamyane, Lamoud, lui-même détenteur d’un grand espace de jardinage.

Dans le Canton de Sisiak, fière des bénéfices réalisés, ces dernières années, Tani Malpo   a alors tenté l’expérience sur une autre parcelle de terre. “Le rendement est intéressant”, même si la production de la fumure organique nécessite un effort physique et prend énormément de temps. Toutefois, conclut l’agricultrice, “si la technique du compostage est réussie, elle représente la principale part de la réussite des champs. Un défi qui marche avec celui de l’eau qui doit être maitrisé, du fait de l’absence des installations hydriques. « Je n’achète plus de légumes, encore moins les volailles. J’en produit et je me nourris à base de mes avoirs. Depuis que je suis au champ, je m’occupe de moi et de mes enfants, et les bagarres ont diminué dans ma famille.

Pour Paul yempabou Sinandja, directeur de l’Association pour la promotion de l’agriculture durable et du centre de formation agroécologique basé à Touaga (région des Savanes, l’agriculture doit tenir compte des besoins populaire. « Dans un contexte environnemental, les insectes sont les auxiliaires de l’agriculture. Les insectes eux-mêmes participent à lutter contre les insectes ravageurs de produits agricoles. Il n’est pas indiqué d’utiliser les insecticides pour ravager de façon drastique les insectes qui contribuent à la production. Il faut sensibiliser les populations pour que leur argent n’achète les maladies. Il faut que notre argent nous guérisse à travers nos alimentations ; nos aliments doivent être notre médicament », explique-t-il.

« La croissance démographique induit une augmentation des besoins »

La volonté est certes là, mais les défis sont légion. Au nombre de ceux-ci figurent la désertification et l’absence des intrants agricoles de qualités. A en croire le directeur exécutif de l’ONG RAFIA, engagée dans l’agriculture, « au Togo, l’agriculture participe à 40 pourcents de l’économie nationale ». Toutefois regrette-t-il « les faibles rendements, la dépendance du secteur agricole de la pluviométrie, l’insuffisance de l’irrigation, le faible taux de la transformation, les effets du changement climatique, etc. autant de fléau qui freinent les efforts des agriculteurs ». « Le maraichage, malgré l’enthousiasme, ne cesse de décevoir les agriculteurs, surtout la mévente et les pertes post-récoltes ». L’ex préfet de Tone, Yendoukoa Tchimbiandja Douti pense que « l’agriculture occupe 70 pourcent des actifs du Togo et participe à 40 pourcent du PIB.

L’ingénieur agricole Kilimou Pali pense que l’agriculture durable est une approche de pratique agricole qui vise un double objectif : « satisfaire aux besoins alimentaires en agro ressource des populations actuelles et de préserver la capacité des générations futures à satisfaire les leurs besoins ». Pour une région en constance augmentation, soit 1,144 million (2022) sur une superficie 8 603 km², Pali Kilimou encourage l’option d’une agriculture durable. « la croissance démographique induit une augmentation des besoins d’où la nécessité d’augmenter les productions agricoles. Les paramètres pour favoriser cette augmentation sont l’amélioration de la productivité et l’augmentation des superficies cultivées. Pour y parvenir, il y nécessité d’améliorer les pratiques agricoles qui peuvent agir négativement ou positivement sur la durabilité des facteurs de production dont les principaux sont la terre, le capital, le travail ou les ressources humaines, la technologie, le climat et l’environnement », relève-t-il.

Face aux enjeux de l’eau et des engrais, plusieurs sont les maraichers qui optent pour la productivité du manioc, du gombo et des piments et surtout du renforcement de l’accès au marché des produits maraichers togolais dans un contexte de changement climatique. Dans les Savanes, région septentrionale du Togo, la feuille de route du gouvernement à l’accès en eau potable devrait atteindre une couverture de 67% à 75 % d’ici 2025.  Le pays s’ambitionne une couverture universelle en eau potable d’ici 2030.

Edouard Kamboissoa Samboe

Laabali

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