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Politique

Dapaong : L’énième promesse trahie des travaux publics

par Robert Douti - 2025-01-11 20:40:48 446 vue(s) 3 Comment(s)

Habillé d’un élégant boubou à la Gourma, un casque solidement posé sur la tête, le ministre Adédzé s’avançait, la pioche à la main, sous le regard attentif des caméras et des habitants massés autour, ce 14 décembre 2023. La cérémonie se voulait solennelle, une promesse d’un lendemain meilleur pour la ville de Dapaong. Mais, derrière les applaudissements et les sourires, une partie des citoyens, armés d’un scepticisme forgé par des années de désillusions, observaient la scène avec prudence. Aujourd’hui, leurs doutes, soigneusement murmurés à l’époque, s’avèrent prophétiques, laissant, une fois de plus, l’amertume triompher des espoirs.

Le ministre Kodjo Adedzé donnant le 1er coup de pioche le 14 décembre 2023

Au Togo, et plus particulièrement dans la région des Savanes, constatent des citoyens, le scénario se répète à l’infini : des travaux lancés en grande pompe, des délais annoncés avec assurance, et, au final, des chantiers qui stagnent ou s’abandonnent à leur propre sort. À Dapaong, les travaux de bitumage de la pénétrante de la RN24 et de la rue des Femmes illustrent à nouveau cette triste coutume. Prévus pour durer huit mois, plus d’un an après, le chantier est à l’arrêt. Essoufflée, l’entreprise a baissé les rideaux, laissant les riverains dans un mélange de frustrations et de résignation.

Vue partielle du chantier de la rue de la femme

Une entreprise à bout de souffle

Selon nos recoupements, les raisons de cette paralysie sont avant tout financières. Bien qu’à ce jour, plus de 50 % des travaux aient été réalisés, l’entreprise ECI, chargée du projet, n’a toujours pas perçu le moindre paiement de la part de l’État. Pour rappel, le coût total des travaux s’élève à deux milliards deux cent vingt-huit millions cent cinquante-trois mille huit cent cinq francs CFA, cofinancés par le gouvernement togolais et la Banque mondiale dans le cadre des projets PIDU et PACV. Des décomptes introduits depuis maintenant onze mois restent sans suite, plongeant l’entreprise dans une impasse financière. Pourtant, ECI a déjà assumé plusieurs dépenses connexes, notamment pour le déplacement des réseaux électriques, téléphoniques et, en partie, du réseau d’adduction d’eau potable sur le tronçon INAM-Carrefour Konkoaré. Ces efforts financiers, qui s’élèveraient à plusieurs dizaines de millions, se heurtent à l’absence de liquidités, mettant l’entreprise au bord de l’asphyxie. Conséquence : le chantier est stoppé net.

Des riverains privés d’eau potable

« Quand le tam-tam est crevé, la danse perd son rythme », dit-on souvent. Alors que l’entreprise ECI souffre de ses déboires financiers, ce sont les populations riveraines du chantier qui en pâtissent directement. À Didagou, certains habitants sont privés d’eau potable depuis juillet 2024. En approfondissant les recoupements, il apparaît que ce problème découle du déplacement du réseau d’adduction, qui n’est jusqu’ici pas effectif.

Pour permettre la construction des caniveaux, l’ancien réseau, se trouvant dans la zone des travaux, a été endommagé, nécessitant une nouvelle canalisation sous la responsabilité de la Société du Patrimoine de l’Eau (SP-EAU). Cependant, la contribution financière d’ECI pour cette nouvelle canalisation est compromise par ses difficultés économiques. À Didagou, les habitants, sans solution durable pour leur approvisionnement en eau, s’ajoutent à la longue liste des victimes collatérales d’un chantier à l’arrêt, pris dans l’engrenage des promesses non tenues et des retards de paiement.

Une situation récurrente et préoccupante

Au Togo, ces scénarios ne sont pas nouveaux. Il y a encore quelques semaines, une cinquantaine d’entreprises en détresse ont dû solliciter l’intervention de la ministre Assih Massamesso, espérant voir leur sort s’améliorer. Ces sociétés, ayant réalisé des ouvrages dans le cadre des programmes FACT et PAPV, dont la construction de marchés et de centres de santé, attendent désespérément le paiement de leurs factures de 2024.

Ces retards de paiement ne se limitent pas aux simples retards de livraison des ouvrages, mais fragilisent toute une chaîne économique. Des fournisseurs aux ouvriers, plusieurs familles se retrouvent privées de revenus. Plus grave encore, les entreprises endettées subissent les pressions des banques et des institutions financières auprès desquelles elles ont contracté des crédits. Elles font également face à des redressements fiscaux de la part de l’OTR, aggravant leur détresse. Sans quitus fiscal, elles se retrouvent exclues d’autres marchés, prises dans un cercle vicieux qui les empêche de relancer leurs activités.

Dans la région des Savanes, où le gouvernement ne cesse de vanter les mérites du Programme d’Urgence pour la Résilience dans les Savanes (PURS), cette paralysie des projets menace directement les populations. Les retards qui s’accumulent et les entreprises qui sombrent ébranlent les promesses de résilience et de progrès du PURS. Les populations, en attente d’une réaction du gouvernement, s’interrogent : à quand des solutions durables pour éviter ces échecs répétés et leurs lourdes conséquences ?

Robert DOUTI
Laabali

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3 comments

  1. C’est très dommage ! Je suis riverain et donc victime de cette situation, le domicile de mon voisin qui abritait rien que des locataires s’est retrouvé vide pour défaut de viabilité en un clin d’œil. Si aucune mesure n’est prise avant la prochaine saison pluvieuse, il y aura des inondations.

  2. Merci au rédacteur de l’article pour l’attention portée à cette situation, vivement que cet article parvienne à nos plus hautes autorités.

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