Plus d’une semaine après cette homélie particulière, à l’occasion de la messe chrismale, diffusée en directe sur Radio Maria Togo, station de Dapaong et Radio communautaire des savanes, la voix rauque de Monseigneur Dominique Banlène Guigbile, évêque de Dapaong continue de résonner dans les oreilles des population des savanes et alimente les débats. En effet, dans un message sans langue de bois, le prélat au physique imposant, dans un rôle de la voix des sans voix a , sans langue de bois, peint le quotidien des populations togolaises et celles des savanes en particulier. Aucun aspect ne semble avoir été occulté. Des conditions de vie précaires des population aux conditions de détention des prisonniers en passant par les injustices devenues pour certains togolais un cure dent. Cette homélie de Monseigneur Dominique restera longtemps dans la mémoire collective des hommes.
« L’ esprit du seigneur est sur moi, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres. Qui sont ces pauvres aujourd’hui auxquelles l’esprit reçu au baptême nous envoie annoncer la bonne nouvelle? Ce sont les populations de nos villes et campagnes qui végètent dans la misère, privées d’électricité, d’eau potable, d’écoles et de centres de santé dignes de ce nom. Ce sont ceux et celles qui ne peuvent même pas s’offrir un seul repas par jour dans notre pays. Les captifs auxquels nous avons pour mission d’annoncer la libération aujourd’hui sont nos frères les détenus dans des conditions inhumaines , qui s’entassent dans des cellules exigües, insalubres, surpeuplées où beaucoup sont contraints de rester debout toute la nuit, accroupis, aux mieux, allongés à même le sol les uns contre les autres comme des sardines dans les boites. Ce qui fait que chaque année, ici à Dapaong, durant les périodes de grosse chaleur comme maintenant on dénombre toujours des cas d’évanouissements et de morts par suffocation. Cette situation insupportable est inadmissible et indigne d’un État qui se veut être un Etat de droit. On ne peut pas traîter ainsi des humains qu’elle que soit ce qu’ils ont fait. Aussi je lance un appel urgent et solennel aux autorités de notre pays à tous les niveaux pour que les conditions de détention soient améliorées et que la dignité et les droits fondamentaux des prisonniers soient respectés.
Les opprimés que l’esprit du seigneur demande de mettre en liberté sont eux aussi nos frères et soeurs qui subissent des injustices et des abus différents, de la part de ceux et celles qui ont une certaine autorité sur eux. Cela va de la maltraitance des enfants et des domestiques communément appélées « bonnes » dans nos familles aux exactions, aux tracasseries, aux brimades souvent infligées aux populations par ceux là même dont la mission et le devoir est d’assurer leur sécurité et de protéger leurs biens. À cela s’ajoute les rackets à laquelle se livrent certains agents de forces de sécurité à des barrages de contrôle ou aux check points érigés sur les routes dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme violent dans la région des savanes. Comme disait Jean Baptiste aux foules qui venaient à lui pour être baptisées: « n ‘exigez rien de plus que ce qui vous est dûe, ne faîtes violence à personne, n’accusez personne à tort et contentez-vous de votre solde. Enfin, dans l’Evangile de ce jour, l’esprit du seigneur nous envoie d’aller dire aux aveugles qu’ils recouvriront la vue. Il s’agit là encore de nos frères et soeur que l’on maintient exprès dans la misère et l’ignorance de leurs droits afin de les exploiter à des fins égoïstes . Bientôt s’ouvrira la campagne pour les élections législatives et régionales dans notre pays. Combien de nos citoyens savent ou comprennent vraiment ce que c’est au juste ou comment cela va se dérouler? Ce qui semble intéresser les leaders politiques et les candidats aux diverses élections, ce sont leurs postes, leurs intérêts et leurs avantages. Dans quelques jours donc, ceux là sillonneront les coins et les recoins de notre pays avec leurs 4×4 pour soulever la poussière sur nous , pour distribuer des billets fraîchement sortis des banques et distribuer des gadgets à une population affamée , terrorisée par l’insécurité. Après ce spectacle désolant que nous allons vivre bientôt, truffé de mensonges et de promesses jamais tenues, aussi bien ceux qui seront élus que les candidats malheureux ne reviendront dans ces localités abandonnées qu’aux prochaines échéances électorales pour solliciter de nouveau le vote de ces sans voix dont ils ne se préoccupent guère de leurs sorts. Le peuple togolais ne mérite pas cela. C’est à nous tous, chers citoyens qu’il revient d’imposer ce respect à nos politiques en étant partout et en toute circonstance des artisans de paix, de justice et de non violence; des témoins de la vérité qui, seule, rend vraiment libre.Cela incombe de façon particulière aux chrétiens à qui Jésus demande d’être le sel de la terre et la lumière du monde. Que votre lumière brille devant les hommes!
Laabali