Au Togo, en zone rurale, on assiste de plus en plus à la construction de pistes rurales, afin de désenclaver les zones de grande production agricole et permettre l’écoulement des produits. Dans la région des Savanes, plusieurs localités bénéficient de construction et la réhabilitation des pistes rurales. Les choses semblent plus s’accélérer depuis deux ans, avec le Programme d’urgence pour la région des Savanes(PURS) qui prévoit améliorer le réseau des pistes rurales de 15 à 20%. Malheureusement, sur le terrain, on semble faire du surplace. Les entreprises se pressent lentement dans la réalisation des ouvrages et par endroits quand les travaux avancent, la qualité semble manquer au rendez-vous pendant que d’autres localités risquent de se replonger dans l’enclavement.
Les pluies grandes pluies qui se sont abattues ces derniers jours ont semé inquiétude et émois dans les localités traversées par des rivières. Si dans l’Est-Mono, la vidéo d’une femme traversante l’Ogou, bébé au dos sur le cou d’un jeune a fait le tour de la toile et suscité toutes les critiques, dans la commune de Tône4, certaines populations vivent dans l’angoisse loin des caméras. Des ponts inachevés et / ou dégradés rendent les déplacements des populations cauchemardesques en cette période de grandes pluies.
De la nécessité de sauver le pont de Bagname..
Situé à environ cinq kilomètres au Nord de Korbongou, chef-lieu de la commune de Tône, le pont de Bagname est en passe de se retrouver dans le lit de la rivière très prochainement. En effet, ce pont construit il y a quelques années a subi les affres de l’eau couplées de celles des humains est en train de devenir impraticable. La force de l’eau conduit à l’élargissement du lit de la rivière tandis que l’extraction du sable a permis au cours d’eau de gagner en profondeur.
Au fil des ans, l’ouvrage se fragilise de plus en plus par le bas et les dernières pluies l’ont sérieusement affaibli par les côtés. Le béton de renforcement réalisé des derniers travails de réhabilitation de cette voie l’année dernière n’ont pas résisté aux dernières grandes pluies. Désormais, passer sur ce pont relève du cauchemar pour les camions alors que cette voie constitue la seule et unique qui relie le chef-lieu de la commune avec le reste des autres villages et du canton de Sanfatoute.
Si certains pointent du doigt la mauvaise réalisation de l’ouvrage ou encore l’extraction du sable comme cause de la situation actuelle, d’autres trouvent qu’il s’agit bien d’une cause mystique ou métaphysique. » Ce sont les anciens qui ne veulent pas jouer leurs partitions. Il y a un fétiche ici. Il faut lui offrir des sacrifices et demander son autorisation avant de réparer le pont. C’est seulement à cette condition que le pont pourra tenir. Si le fétiche est satisfait, on peut extraire le sable mais l’ouvrage résistera » confie Yatouo Kombaté, habitant du village. Il affirme que le béton de renforcement qui a cédé après les pluies bouchait la sortie du trou au fond de la rivière qui abrite des caïmans et un python sacré et que le fétiche l’aurait détruit pour permettre à « ses enfants » de sortir.
Peu importe les causes de la dégradation avancée du pont, l’urgence est de sauver cet important ouvrage pour éviter le pire. À la Mairie de Tône 4, le maire des lieux rassure que des dispositions urgentes soient en train des prises. Il explique avoir interdit l’extraction du sable dans cette rivière. Une interdiction qui peine à être respecté car l’activité se poursuit au bord des ruisseaux, dans les environs de la rivière.
Dans plusieurs localités de la région des savanes, la mauvaise réalisation des ponts sur certains axes couplés de l’extraction du sable précipitent leur dégradation alors que l’État investi assez d’argent. Le contrôle citoyen devrait être renforcé en cette période où la région bénéficie de plusieurs projets d’infrastructures dans le cadre des projets PURS et COSO mais les populations savent-elles qu’elles en ont le droit et l’obligation ?
Robert Douti
Laabali