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Économie

Région des savanes: La hausse du prix de l’arachide inquiète

par Edouard Samboe - 2022-12-04 13:07:54 1095 vue(s) 0 Comment(s)

Depuis bientôt trois ans, l’on assiste à une flambée vertigineuse des prix des produits qu’ils soient importés ou produits localement. Une situation née après l’apparition de la pandémie à COVID-19 et qui s’est exacerbée avec la guerre Russo-ukrainnienne depuis février 2022. L’un des produits agricole dont la hausse du prix est très remarquable ces derniers temps est l’arachide, un aliment très consommé dans la région des savanes.

Un plat de graines d’harachide en vente au marché de Dapaong @Laabali.

Dapaong ville, carrefour Haoussa zongo, il sonne 10h. Les rues grouillent de monde en ce premier samedi du mois de décembre, jour de marché. En face de la mosquée centrale s’est improvisé depuis deux ans , un marché confondu à la gare des camions pour marchandises. Les bruits des klaxons de voitures, de motos et des camions se mêlent aux voix des clients et des marchands. On discute, on négocie, on vend, on achète et parfois même on se chamaille.

Les produits dérivés des grains d’arachide @Laabali

Ici, c’est la destination de l’arachide graine qui arrive de tous les coins de Dapaong et des préfectures voisines. Chacun y trouve pour son goût , mais ces derniers temps , le coût suscite indignations et complaintes comme ces mots de dame Assana qui ne nous ont pas laissé indifférent.  » Désormais, la sauce d’arachide n’est plus pour nous les pauvres. À cette allure nous allons retourner vers la farine de maïs », s’est-elle indignée. Ces quelques phrases expliquent toutes les conséquences de la situation née de la montée des prix de cette denrée de première necessité.

Champs d’arachide @Laabali

Une flambé effroyable des prix

Sur la place du marché, le constat est amère. Le bol de 3,5 kg d’arachide se négocie entre 2200f et 2300f selon les qualités et les variétés. Seules les graines cassées se vendent à 1250f. Entre décembre 2021 et décembre 2022, le prix de l’arachide a connu une augmentation de près de 110% d’après nos échanges avec les commerçantes .

Habituellement en période de récolte reconnu justement comme la période d’abondance, les produits agricoles connaissent généralement une baisse des prix , mais cette année, il n’en est rien de tel.  » L’année passé à pareil moment, nous vendions le bol d’arachide à 1100f. On nous vendait le sac d’arachide en coques à 13000f. Actuellement, nous achetons le sac à 25000f et une fois décortiqué ça donne entre 10 et 12 bols. On ne gagne pas grand chose. Parfois même c’est la faillite  » s’est lamentée Kassim Assana l’une des commerçantes. À la question de savoir pourquoi continuer alors qu’il n y a pas de gain, sa mère explique.  » On est obligé de continuer parce qu’une femme ne doit pas rester les mains entre les cuisses. Je ne sais faire rien d’autre que ça depuis mon jeune âge. On ne gagne rien mais parfois, quand les enfants reviennent de l’école et qu’il n y a rien, une poignée d’ arachides avec un gobelet d’eau dessus, ça peut faire l’affaire . Notre bénéfice se trouvent donc dans le ventre de nos enfants » a – t-elle conclu en riant.


La hausse du prix de l’arachide implique inévitablement celle des produits issus de sa transformation. Ainsi les gâteaux d’arachide, la pâte d’arachide et l’huile d’arachide se vendent au prix de l’or sur la place du marché. De 1200f, le bol de gâteaux d’arachide est passé à 2100f, le bidon de 5l est passé de 4000f à 8500f. La pâte d’arachide va désormais de 100f à 7000f selon les mesures.

Les raisons de la chereté de l’arachide.

Selon les revendeuses la hausse des prix serait une conséquence de la mauvaise récolte de cette année. » Quand nous allons pour acheter, les producteurs nous disent qu’il n’y a pas suffisamment d’arachides parce que la saison n’a pas été bonne. » a laissé entre l’une d’entre elles.

Une information que confirment des producteurs que nous avons rencontré. Lalle Souk, président de la coopérative agricole Banléhan de Tougbila( commune de Tône 3) spécialisée dans la culture de l’arachide témoigne que la saison agricole qui s’achève a été un fiasco.  » Sur 8 hectares que la coopérative exploite, nous avons récolté moins de 20 tonnes contre 32 tonnes l’année dernière. » Dans les villages de Tône 4 et Kpendjal ouest-3 où se cultive la variété d’arachide a petits grains, les explications des producteurs sont les mêmes.  » Les pluies ont démarré avec un grand retard cette année. Malheureusement, lorsque les arachides ont atteint la période de la floraison, il y a eu une sécheresse. C’est vraiment un échec. Notre seul gain ce sont les feuilles que nous avons recupérés pour le bétail » explique Boukale Noundja, cultivateur à Oubiagou.

D’autres producteurs ajoutent qu’ils n’ont pas pû acheter de l’engrais devenu rares et trop chers. Ils notent également que certains sols dans la région ne répondent plus à la culture de l’arachide parce très appauvris, une affirmation que rejette Monsieur Kabassina, Directeur Régional de l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA) des savanes.  » Le problème c’est que nos parents ne veulent pas mettre l’engrais aux plants d’arachides. Les terres sont très pauvres ici et l’arachide quelle que soit la variété a besoin d’engrais pour réussir » a – t-il expliqué.

On ne saurait clore la liste des causes de la chereté de l’arachide sans souligner que de nos jours, la culture du coton et du soja ont fait reléguer cette derrière au second plan. Plusieurs agriculteurs dans l’Est de Dapaong ont reconnu qu’ils cultivent l’arachide aujourd’hui pour des raisons pastorales.

Comment améliorer les rendements ?

D’après les services techniques du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, les variétés d’arachide cultivées par les paysans au Togo donnent de faibles rendements car elles sont peu productives. En plus, les producteurs ne maîtrisent pas l’itinéraire technique de production.

« Pour augmenter le rendement de l’arachide, treize (13) variétés en provenance du Mali et du Sénégal ont été introduites et testées au Togo avec succès », précisent-ils

Selon l’institut togolais de recherche agronomique (ITRA) les variétés d’arachide ICIAR19BT et ICGV01276 sont des variétés adaptées aux zones de production au Togo. En résumé , le respect de la période de semis, le choix des semences certifiées , celui de la parcelle et l’utilisation des fertilisants adaptés sont les clefs du succès pour les producteurs.

L’arachide, aliment très prisé dans la région des savanes s’invite dans la préparation de plusieurs mets. Devant la situation de la forte hausse des prix, les mal lotis sont les consommateurs qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder. Il faut revoir désormais les habitudes alimentaires , un exercice qui ne s’annonce pas tout à fait simple.

Robert Douti
Laabali.com

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