Les habitants de Kara, au nord du Togo savent ce que, c’est que le maïs. Une céréale cultivée dans la région depuis plusieurs générations. Et, qui s’est désormais imposée comme partie intégrante des mets locaux. De ses tiges, aux fleurs en passant par les épis, le maïs a su s’imposer dans les goûts et les habitudes des habitants de Kara.
Kara, 11 août 2022. Carrefour Tomdè, rondpoint principale de la ville de Kara. A gauche, est assise une jeune fille, à peine 17, non loin du bitume. Une fumée blanchâtre accompagne chaque coup d’éventail. Un fourneau rempli de braise, sur lequel est posé un gris et des épis de maïs frais. Des taxi motos et des clients se pointent à chaque intervalle de temps et achètent ces maïs braisés.
C’est le Kara de Abidé Tchao, étudiante en économie à l’université de Kara. Grande consommatrice de maïs braisés, elle lâche en souriant aux approches des revendeuses : « c’est déjà prêt ? », acquiesce la tête, l’une d’entre les jeunes révendeuses. « C’est combien, combien ? », questionne Abidé Tchao, « venez voir, chacun maïs a un prix », lui retoque une autre revendeuse.
Chaque prix correspond à la longueur et au poids de chaque épis , soit 100 Fr CFA pour les moyens et 150 Fr CFA pour les plus gros. Les exigences sont claires, il faut du maïs rouge ou jaune, à cause du goût, alors que les maïs blancs sont désintéressés. C’est à chaud que les clients mangent de ces épis braisés. Une habitude depuis plusieurs générations. Surtout en période des travaux champêtres, la saison pluvieuse et les périodes de cultures. Ce goût effréné pour les maïs braisés encourage certains jardiniers de Kara à semer le maïs en saison sèche, au bord de la rivière Kara.
Le maïs une histoire dans la région de la Kara….
A chaque jet de regards aux bords des rues, des champs, en majorité des maïs en fleurs pour certains, prêts pour la récolte, pour d’autres. A l’analyse, on a l’impression que cela fait partie des habitudes culturales. Une des revendeuses témoigne : « chaque année, c’est ce que je fais en cette période, j’en achète dans des champs loin de la ville, et je les revends avec une majoration des prix ». Elève en classe de première au Lycée de Kara Tomdè, celle qui parle en fait des bénéfices. « On ne peut pas dire qu’on ne gagne pas, sinon, on ne serait pas ici. Je compte prendre les bénéfices pour acheter mes fournitures scolaires », poursuit-elle, toute confiante.
Selon certaines indiscrétions, le maïs est l’une des principales céréales cultivées dans le monde. Il représenterait à lui seul environ 40% de la production mondiale des céréales. On parle qu’il s’agit d’une plante herbacée largement cultivée pour ses grains riches en amidon. Ce qui faire dire que dans certains pays comme le Togo, le maïs reste la céréale la plus consommée.
Céline Essodeké une ménagère, résidente à Tchintchinda, un quartier périphérique de Kara, témoigne qu’elle met le maïs au cœur de ses menus de cuisine en famille. Elle confie que dans ses mets habituels, elle transforme les grains de maïs en poudre (farine) pour en faire des plats copieux au profit de sa petite famille « Lorsqu'il y'a la pluie, on a les grains de maïs et après les buts, on les sème et quand ça pousse, à compter d’un mois à deux mois », explique-t-elle ; « la tige commence à avoir des fleurs. Après quelques semaines nous avons les épis de maïs avec des grains. On voit une évolution et dès deux mois, il y'a le maïs ; les feuilles deviennent sèches et changent de couleur », poursuit-elle.
Un repas riche en amidon
Selon d’autres témoignages des paysans de la localité, après la récolte du maïs, l'on doit veiller au séchage, soit une étape importante. « On dégraine les épis, on les met au soleil : bien séchés puisque parfois on les récolte moins séchés. On les amène au moulin et c'est là que le meunier les écrase et ça devient de la farine », explique Céline Essodéké, une habituée du mais.
Tout comme certains habitants de Kara, la pâte du maïs est le repas préféré de la petite famille de Céline Essodéké. La consommation de la pâte à base de la farine est le produit final d'un long processus : « On écrase la poudre comme vous l'avez vu », montre-t-elle une assiette remplie de farine de maïs, « A base de la poudre on met de l'eau dans une marmite sur le feu. Quand c'est bien chauffé, on fait sous forme de bouillie et quand son bout on prend la moitié de la bouillie, on puise la farine pour y mettre. On mélange et sa devient une pâte, on sert dans les plats et on le mange à chaud, d'autres mangent à froid », explique-t-elle.
Selon nos observations dans plusieurs restaurants de Kara, plusieurs menus sont réalisés à base des grains de maïs. Une céréale riche en amidon, un nutriment dont a besoin l’organisme humain, mais aussi en féculents. Kara en dehors des mets à base du maïs, on y trouve du Foufou, du riz, des beignets etc. Mais, en cette période de saison pluvieuse, les maïs braisés attirent plus l’attention des passants.
Augustine Pali
Laabali.com