Titres : Ghana : Dr Mahamudu Bawumia et du NPP et John Mahama du NCC briguent la présidence ... Dapaong: inquiétudes grandissantes face aux poteaux électriques en béton délabrés ... Les revendeuses de céréales des savanes : ces victimes silencieuses de la crise sécuritaire ... WANEP-Togo contribue au renforcement de la cohésion sociale dans quatre localité des Savanes ... Région des Savanes: Le gouvernorat s'annonce joli ... Consommation locale: Dans les Savanes, les exposants s'activent ... Cérémonie de désenvoutement des éperviers : Un coup franc mystique qui a raté la lucarne ... "La situation des personnes en situation de brûlures est toujours d'actualité au Togo", Fr Sébastien Djagba ... Contre les Discours de haine: WANEP-Togo et le PNUD unissent leurs forces dans les Savanes ... Mobilité des personnes en situation de handicap: Le Centre Don Orione de Bombouaka offre 11 tricycles ...
Accueil Articles Les revendeuses de céréales des savanes : ces victimes silencieuses de la crise sécuritaire
Économie

Les revendeuses de céréales des savanes : ces victimes silencieuses de la crise sécuritaire

par Edouard Samboe - 2024-10-20 09:18:34 126 vue(s) 0 Comment(s)

Elles sont pour la plupart dans l’ombre, pourtant leur rôle est indispensable. Les commerçantes de céréales bravent les intempéries et les dangers des routes pour sillonner les campagnes les plus reculées, à la recherche de maïs, de riz, de mil, de haricots, de sorgho, etc.

Avec une détermination sans faille, elles servent de trait d’union entre les producteurs agricoles des zones rurales et les consommateurs urbains, assurant ainsi la disponibilité de ces denrées essentielles dans nos marchés. En plus de soutenir les agriculteurs en écoulant leurs productions, elles permettent aux citadins de se nourrir. Depuis trois ans, cependant, ces braves dames, qui maintiennent une dynamique économique entre la ville et les campagnes, sont devenues les victimes silencieuses de la crise sécuritaire qui frappe la région des Savanes.

Le 22 juillet 2023, une attaque des groupes armés a visé un camion de transport de marchandises revenant du marché de Koundjoaré, à hauteur du village de Malgbangou. Si les assaillants n’ont fait aucune victime et n’ont pas réussi à emporter le camion, cet incident a marqué un tournant pour les revendeuses de céréales. Auparavant, le marché de Oubiagou, situé au Burkina Faso, avait déjà été fermé après que des groupes armés aient écumé la zone, provoquant la fuite des populations locales. Depuis l’attaque de Malgbangou, les activités des commerçantes de céréales ont été perturbées, les zones de ravitaillement devenant de plus en plus limitées. Autrefois habituées à parcourir ces localités pour s’approvisionner, ces femmes ont dû se replier vers les marchés de l’Oti Sud. L’explosion d’une mine, qui a coûté la vie à quatre occupants d’un tricycle dans le village de Bonzougou le 18 juin dernier, a accentué la panique parmi les commerçantes. Craignant pour leur vie, beaucoup se sont rabattues sur les petits marchés locaux. « La prudence est mère de sûreté. Depuis l’incident de Bonzougou, j’ai cessé d’aller au marché de Gando. Désormais, je me contente des marchés de Nagbéni, Loko et Barkoissi », confie Polabè Lamboni, membre de la coopérative Monfant de Barkoissi, spécialisée dans la revente de céréales.

Le déplacement des populations rurales : le coup de grâce

Le 25 juillet 2022, en pleine saison des pluies, le gouvernement togolais a ordonné la délocalisation d’une quinzaine de villages afin de mieux sécuriser les frontières et minimiser les risques de dégâts collatéraux en cas d’affrontements avec des groupes armés. La majorité de ces villages sont situés dans les préfectures de Kpendjal et de Kpendjal Ouest, deux des principaux greniers céréaliers de la région. Cette décision a fortement perturbé la campagne agricole et a eu des conséquences désastreuses pour les commerçantes de céréales.

Zénabou Sigui, revendeuse au marché de Dapaong, a dû vendre sa moto pour rembourser un crédit. « J’ai perdu près de 400 000 francs CFA. Dans les villages de Tiwoli et de Sankartchagou, j’ai acheté des engrais en début de saison, que les producteurs devaient me rembourser en nature après la récolte. Mais après des attaques nocturnes, certains ont fui au Nigeria, d’autres en Côte d’Ivoire ou au Ghana. Je n’ai jamais récupéré cet argent, qui provenait d’un crédit obtenu auprès d’une institution de microfinance », explique-t-elle.

Zénabou n’est pas la seule dans cette situation. Céline Yandja, elle aussi, traîne encore un crédit en souffrance. Elle avait l’habitude de distribuer de l’argent à des intermédiaires dans les villages, chargés d’acheter du maïs ou du sorgho directement auprès des ménages. Mais plusieurs de ces intermédiaires ont fui avec l’argent lors des attaques, et d’autres n’ont pas pu collecter les céréales promises, les villageois prenant souvent l’argent pour ensuite apporter les quantités correspondantes de céréales en temps normal. Avec l’insécurité grandissante, ces transactions sont devenues impossibles.

Des conséquences dramatiques

L’inaccessibilité des zones de production due aux menaces d’attaques, d’enlèvements ou d’agressions sur les routes, ainsi que l’endettement et l’appauvrissement, sont les lourdes conséquences que la crise sécuritaire impose aux revendeuses de céréales. Si certaines ont fini par ranger leurs sacs et bols pour tenter une reconversion, d’autres continuent de braver les risques pour se rendre dans les marchés ruraux. « Il faut le faire, disent-elles, pour nourrir nos familles et permettre aux populations urbaines de s’approvisionner en céréales. »

Robert Douti

Laabali

Published
Categorized as Économie

Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *