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Cinkassé: Venus du Burkina, ces réfugiés mineurs…

par Edouard Samboe - 2023-12-03 17:58:04 971 vue(s) 0 Comment(s)

En juin 2023, ils étaient plus de 67000 burkinabè réfugiés dans les pays voisins selon des sources officielles. Au Togo, c’est la préfecture de Cinkassé à la frontière nord du pays qui accueille le plus grand nombre de ces burkinabè composés en majorité de femmes et d’enfants. Dans cette ville à vocation commerciale, la réinsertion de ces populations rurales pour la plupart est loin d’être une sinécure. Pour aider leurs parents à joindre les deux bouts, de nombreux enfants ont dû abandonner les classes pour faire de petits travaux contre des miettes. Immersion en ce milieu des enfants réfugiés à Cinkassé.

« C’est pénible, mais je vais faire comment » ainsi se complaint Rahina Dialga, 10 ans. Selon le récit de la fillette, des hommes armés ont fait une descente dans leur village et ont intimé l’ordre aux populations de déguerpir dans un délai de 72heures. C’est ainsi qu’elle quitte Tchiougou(commune de Soudougui) avec son père, sa mère et ses frères Ibrahim et Abdul Aziz en direction du Togo. À Cinkassé où sa famille s’est installée, les difficultés jonchent leur quotidien. Si son jeune frère Abdul Aziz (5 ans) a pû reprendre le cours préparatoire , Rahina sera contrainte de travailler pour aider ses parents à subvenir à leurs besoins et permettre à sa mère de faire face aux frais de formation de son frère aîné Ibrahim qui poursuit son apprentissage en chaudronnerie.

Des journées pénibles

Chaque jour, la petite se réveille très tôt et se rend auprès d’une revendeuse de bouillie non loin du rond-point des volontaires. Elle transporte un plateau de bouillie de mil emballée dans des sachets pour vendre de maison en maison . Aujourd’hui, déjà a 8 heure et demi, elle est déjà de retour.  » Quand je finis de vendre, je reviens laver les ustensiles de cuisine et puiser de l’eau. Nous vendons deux fois dans la journée. Le matin et l’après midi. À treize heures, je ressors pour la deuxième fois » explique la fillette. Pour une journée de travail, Rahina est payée à 250f CFA.  » Je donne l’argent à ma mère, elle ajoute pour acheter les condiments et faire face à d’autres dépenses  » explique t-elle. Sa mère quand à elle aide une dame au grand marché à vendre de la cola. Rahina nous a confié qu’elle a bien envie de reprendre les classes mais face aux difficultés elle se demande si ses parents seront d’avis.

À cinkassé, elles sont nombreuses , ces filles réfugiées qui vivent les mêmes réalités que Rahina. Ramatou Koda, 12 ans est arrivée de Sèckè, un village de la commune de Sangha, province du Koulpélogo depuis huit mois.  » Un jour, les terroristes sont arrivés dans notre village et ils ont commencé par tuer les gens. Nous avons fui mes parents et moi » raconte t-elle .

Elle faisait la classe CE1 et Lookman son petit frère, le CE2. Mais arrivés, à Cinkassé, ils n’ont pû retrouver le chemin de l’école. Par semaine, elle vend les gâteaux de sa mère pendant trois jours et les quatres autres jours, elle aide une femme qui vend à manger en lavant les assiettes. « Quand je vais là bas, elle me sert à manger et le soir en rentrant, elle me sert aussi pour mon petit frère. En plus, elle me paie 500f.  » explique Lamatou qui aspire un jour apprendre la haute couture. Avec ses revenus, elle a loué une pièce où elle dort son petit frère tandis ses parents et ses cinq frères s’entassent dans une pièce en banco dans un quartier périphérique de la ville .

Venue de Siaka, Fatima segda, 9 ans, vend du jus et de l’eau glacée depuis bientôt un an pour une dame. Grâce à cette activité, elle aide sa mère dans les dépenses familliales. » on me paie 250 par jour. Dès fois il m’arrive de vendre jusqu’à 2000f. On me triche mais je n’ai pas de choix. Avec cet argent, ma mère achète du savon des condiments et aussi nos vêtements ». Se lamente t-elle. Elle nous a confié que certaines de ses camarades qui vendent de l’eau glacée ou du jus sont payées à 20% du montant vendu. Des enfants, surtout des filles proposant diverses marchandises sur la tête parcourent les rues à cinkassé. Certaines d’entre elles avouent qu’au départ elles avaient peur de se perdre, ne connaissant pas bien la ville.

Le phénomène s’est exacerbé depuis le début de l’année 2023 avec l’arrivée du flux des réfugiés en provenance des régions de l’Est et du centre-Ouest du Burkina Faso d’après un membre d’une association de promotion et de défense des droits de la femme. Selon la même source, beaucoup d’entre ces mineurs ne sont parfois même pas payées par les personnes pour qui elles travaillent. « Malheureusement, elles ne peuvent se plaindre nul part « .

Robert Douti

Laabali

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