La rencontre des pays membres de l’Initiative d’Accra sur la lutte contre l’extrémisme violent en Afrique s’est achevée au Ghana ce 17 novembre 2022. Cinq ans, après sa mise en œuvre, quelques avancées, mais la réticence démeure.
En 2017, les pays membres de l’Initiative d’Accra (Ghana, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Mali, Niger, Burkina) s’étaient engagés à mettre en oeuvre des stratégies de lutte antiterroriste communes au sein de l’espace communautaire. C’est ce qui a donné naissance à l’Initiative d’Accra.
Le cahier de charges les enjoignait à organiser la formation conjointe des Forces de défense et de sécurité (FDS), à partager du renseignement et à engager des opérations communes transfrontalières. Mais depuis 2017, cette mutualisation des forces tarde à se concrétiser.
Pire, le Burkina Faso, qui a vu les incursions des groupes armés terroristes s’accentuer dès 2019 dans ses régions Est, Ouest, Sud-Ouest et Ouest, s’est retrouvé isolé. Ni le Bénin, encore moins le Togo, le Ghana ou la Côte d’Ivoire n’ont bougé d’un iota. Alors que l’opération Otapoanu (tonnerre) a été lancée dans la région de l’Est du Burkina en 2019, le Bénin et le Togo se sont montrés réticents au moment de prêter main forte.
Il a fallu attendre les frappes terroristes au nord du Bénin et du Togo pour faire bouger les lignes. Mais, ces pays ont d’abord cherché à sécuriser en priorité leurs propres frontières, sans pour autant aller à l’offensive. Avec la permanence d’une stratégie défensive, le Togo, le Bénin et le Ghana avaient opté pour une mobilisation de leurs forces à la frontière avec le Ghana jusqu’en 2021.
Pourtant, les activités des groupes armés terroristes avaient été signalées dans l’ensemble des pays côtiers de l’Initiative d’Accra. Quant au Burkina Faso, au Niger et au Mali, ils étaient la cible de groupes extrémistes depuis plusieurs années déjà. Signe que la stratégique d’anticipation et de collaboration structurelle faisait défaut.
Au premier semestre 2022, le Togo et le Bénin ont été attaqués à plusieurs reprises dans leurs parties septentrionales. Ils ont perdu des hommes. Mais seul le Togo a franchi le rubicon pour aller dans le sens de l’initiative d’Accra. Les FAT opéraient jusqu’à 15 km au-delà de la frontière burkinabè, avant de se voir accorder une percée de plus de 45 km.
Alors que le Burkina Faso a fait de plus en plus appel aux pays voisins, il s’est heurté à un long silence, avant d’obtenir une réponse, et un passage à l’action. Pendant ce temps, la gangrène terroriste prolifère. Les liens entre les groupes armés se tissent. Au Bénin, au Togo et à l’Est du Burkina, le JNIM (acronyme arabe du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaeda) écument le territoire, se jouant des frontières, tout comme les bandits armés et les contrebandiers.
Même si les échanges de renseignements entre les différents pays ont permis de démanteler des bastions terroristes, des trafics de drogue, de carburant, d’or et de bétail, le levier « opération », pourtant urgent, n’est guère activé.
Pour preuve, plusieurs groupes armés continuent d’élire domicile dans les différents pays frontaliers et se ravitaillent à travers ces pays.
La situation humanitaire se détériore, avec une multiplication du nombre de déplacés internes, de refugiés, sans compter les milliers de morts enregistrés.
Les pays de l’Initiative d’Accra manquent de temps. Il faut déployer des militaires sur le sol burkinabè, malien et nigérien. Le Nigeria devrait-il rejoigne l’initiative , tout comme le Tchad et le Cameroun? Une force mixte associant ces pays, pourrait permettre d’activer le renseignement et la puissance de feu.
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