La saison des grandes pluies a toujours été un cauchemar pour les usagers du tronçon Korbongou-Nadjou. Pour les populations des villages de Tchabigou, Tantoga, Nadjou, Boale ,etc qui n’ont que cette route pour rallier le chef-lieu de la commune de Tône 4, l’inquiétude est encore beaucoup plus grande. À quelques minutes de route à la sortie Nord-Est de Korbongou, le reste de l’axe qui la relie aux autres localités est en état de dégradation avancée avec la complicité des eaux de ruissellement. Pourtant, c’est une piste à grands trafics.
Selon les riverains, la dernière réhabilitation de ce tronçon remonterait à près d’une décennie. Et depuis, la piste et les ouvrages de franchissement n’ont pu résister au temps et aux intempéries. Sur « la rivière des hyènes », le pont construit au-dessus du cour d’eau à hauteur du village de Tchabigou s’est écroulé depuis plusieurs années rendant le passage des véhicules impossible en saison des pluies. Et depuis, cette rivière qui devrait être un atout pour les riverains est devenu leur cauchemar.
Pour celui qui emprunte cette voie pour la première fois, aucune indication ne signale le danger que présente ce grand pont totalement endommagé. Long de plus de 30m, l’ouvrage n’a pas résisté à l’eau et au temps. Le passage est impossible pour les véhicules. Les villageois expliquent que les autres usagers peuvent se débrouiller en passant dans le lit du cours d’eau mais pas avec plaisir. Des riverains affirment que pour traverser en période de crue, il faut » renverser son assiette » comme on dit ordinairement dans le milieu car rien n’est sûr qu’on pourrait atteindre l’autre rive vivant.
Quelques usagers rencontrés délient les langues entre complaintes et témoignages. » Cette rivière nous donne de l’insomnie en période de pluie. En cas de maladie, comment se rendre à l’hôpital, c’est un calvaire. Il faut attendre que les eaux reculent et parfois lorsque nous arrivons à l’hôpital, les infirmiers nous grondent d’avoir traîné avec le malade. Souvent, certains malades meurent alors qu’ils auraient pu être sauvés. De même, les femmes enceintes peinent pour aller en consultation. » confie Yatiébane Douti, habitant de village de Tantoga. Les populations affirment que les activités économiques en périodes de grandes pluies sont ralenties, et qu’il leur est difficile d’aller au champ ou au marché. » Lorsqu’il pleut, on ne peut pas se rendre au champ et si la pluie nous surprend dans les champs, nous pouvons plus rentrer. Le transport des récoltes vers la maison est un parcours de combattant. Notre plus grand souci, c’est qu’on nous construise un pont parce qu’il y a longtemps que nous souffrons » explique Tchayali Boudandja.
En attendant la construction du pont, les populations ne sont pas restées les bras croisés. Des initiatives ont été prises, mais la furie des eaux a tout emporté. » L’année passée, nous avons coupés des troncs d’arbres pour arranger d’un côté afin de permettre le passage. Cela nous a coûté plus de vingt mille francs mais il a suffi d’une grande pluie pour que l’eau emporte tout », explique Moitedja Sambiani, chef du village de Tantoga. Il nous a confié qu’il y a un mois, une délégation s’était rendue auprès du maire pour réitérer la demande de reconstruction du pont afin de soulager les populations et que ce dernier s’était montré très préoccupé par cette situation.
En attendant une prochaine réhabilitation de la piste et la construction d’un nouveau pont, les populations doivent continuer de porter leur croix et dans le cœur de certains d’entre eux, c’est le sentiment d’être oublié par les autorités.
Robert Douti
Laablai