Yantchabré Labdiero, chef canton de Ponio, zone frontalière du Burkina, l'une des localités ciblées par les attaques des groupes armés extremistes depuis plusieurs mois, rompt le silence pour la première fois. Il témoigne sur les conditions de vie de la population de son canton et invite les populations à la vigilance. C'était le 08 septembre 2022 à Pognon.
"J'ai des amis à Dapaong, à Cinkanse et partout ailleurs qui aujourd'hui ne peuvent pas me rendre visite à cause de l'insécurité. C'est uniquement par téléphone qu'ils prennent de mes nouvelles. Même nos enfants qui sont à la capitale, ils ne se contentent que de m'appeler pour avoir des nouvelles. Personne ne pense revenir pour voir exactement ce qui se passe.
Ils disent qu'ils apprennent ce qui se passe, mais ils ont peur de revenir et pourtant nous autres qui sommes restés ici, nous sommes, aussi des humains. Les fils de ponio qui sont à Lomé, au Ghana, en côte d'ivoire,etc ne veulent pas revenir. Il faut qu'ils comprennent que lorsque tu apprends que ta maison brûle, il faut revenir pour aider à éteindre l'incendie au lieu de rester loin pour à chaque fois demander par téléphone à avoir des nouvelles.
Actuellement , en toute honnêteté, c'est difficile ici . Le terrorisme était chez nos voisins du Burkina, Faso. Nous pensions que c'était loin, mais c'est finalement arrivé chez nous. Lorsque nous avons fait ce constat, nous les chefs traditionnels de la savane, nous avons tenu des réunions de sensibilisation avec les chefs de village pour leur dire d'être vigilants. (….) Nous appelons les populations des savanes qui sont sur le corridor frontalier à sensibiliser nos enfants au respect du couvre-feu. Que chacun reste chez lui la nuit. Nous avons subi des pertes en vies humaines que ce soit des populations civiles ou des forces de l'ordre. Nous supplions toutes les populations, les chefs de Village de pognon et partout ailleurs au Togo de redoubler de vigilance", témoigne Yentchabré Labdiéro
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