Ils sont environs 20.000 réfugiés burkinabè et déplacés à Dapaong (chef-lieu de la région des Savanes). Ces réfugiés viennent des régions du centre-Est et de l’est du Burkina, localités frontalières du Togo. Parmi, certains font plus de deux ans, sur le sol togolais, alors que d’autres font quelques mois, à cause de la pression des groupes armés extrémistes. C’est le cas de Zulia Kafando, 38, mère de trois enfants, qui a fui Nadiagou pour se réfugier à Dapaong. Agricultrice à l’origine, elle s’est convertie en lessiveuse dans les maisons de Dapaong, pour avoir sa pitance quotidienne.
Le 19 juin 2023, lorsque l’Agence nationale de la protection civile (ANPC) demande aux réfugiés de faire les rangs, c’est pour recevoir des dons, notamment des habits. Une œuvre des bonnes volontés au profit de ceux et celles qui ont quitté leurs villages à cause des incursions armées. Avec son enfant d’à peine six mois, Zulia gagne une veste aux couleurs grises. « Je suis fière, je remercie les donateurs. Ce geste me touche, et j’en suis contente ; ce n’est qu’une étape, la prochaine fois, j’en aurai mieux », se réjouit Zulia, qui porte fièrement sa veste. Ce sont des friperies, fruit d’une donation des bonnes volontés, nous explique un agent de l’ANC. Ce matin, elles sont plusieurs centaines à faire la file indienne pour en bénéficier. Une réalité régulière qui consiste à rassembler les personnes en situation de déplacés pour bénéficier des dons en vivres et en non vivres.
Pour Zulia et ses camarades, ces rassemblements au cours des desquels les retrouvailles se font sont légion.Ils constituent aussi des occasions de sortie de leurs maisons. « Je suis ici, cela fait deux ans. Quand je suis arrivée, avec ma camarade, on passe de concession en concession à la recherche des habits sales pour la lessive. Cela nous permet de vivre et de nourrir nos enfants », explique Zulia. Tout comme elles, ses camarades n’attendent pas tout des autorités togolaises. Awa Thiombiano venue de Pama (région de l’Est du Burkina) explique « moi, j’aide une femme à faire des gâteaux et de l’huile. Cela me permet de nourrir mes enfants, puisque mon mari n’est pas là ».
Malgré les souvenirs traumatisants, les femmes déplacées et refugiées ne baissent pas les bras. Elles exercent des activités génératrices de revenues. Parmi elles, Elise Kaboré qui vend des savons faits à bases de l’acide, ou Jeanne Ouoba qui vend des tissus. Leurs projets sont énormes et elles ambitionnent faire mieux. Leur plus grande joie c’est la sécurité et la paix recouvrer, depuis qu’elles sont à Dapaong.
Pour le préfet de Tône « la situation est sous contrôle dans la région des Savanes », une localité en proie aux activités terroristes depuis 2021. Selon lui, le gouvernement a déployé des moyens militaires et civils pour venir à bout du phénomène extrémiste, et aussi a mis en place des mécanismes civils pour soutenir les déplacés internes.
Dans la préfecture de Tandjouaré, le préfet Oukoura Agbanté explique la contagion humanitaire touche déjà plusieurs villages avec le retour des togolais qui étaient en aventure au Burkina Faso. Mais rassure-t-il que des mécanismes sont mis en œuvre pour le soutien social et humanitaire. Selon ses explications des conseils ont été prodigués aux villageois pour accueillir les déplacés et les réfugiés.
Pour ces réfugiés et déplacés, rien n’est plus important que la paix. Pour survivre à Dapaong, elles louent de maisons et paient leurs nourrir pour se prendre charge en attendant le soutien du gouvernement.
Edouard Kamboissoa Samboé
Laabali