Comprendre l’implémentation de l’agriculture durable dans la région des Savanes. L’ingénieur agricole Kilimou Pali répond aux questions de Laabalimédia. Propos recueillis le 22 Octobre 2024, à Dapaong.
Laabalimédi : En quoi consiste l’agriculture durable ?
Pali Kilimou : L’agriculture durable est une approche de pratique agricole qui vise un double objectif : satisfaire aux besoins alimentaires en agro ressource des populations actuelles et de préserver la capacité des générations futures à satisfaire les leurs besoins.
Quel est le lien entre agriculture durable et l’accroissement du rendement ?
D’abord la croissance démographique induit une augmentation des besoins d’où la nécessité d’augmenter les productions agricoles. Les paramètres pour favoriser cette augmentation sont l’amélioration de la productivité et l’augmentation des superficies cultivées. Pour y parvenir, il y nécessité d’améliorer les pratiques agricoles qui peuvent agir négativement ou positivement sur la durabilité des facteurs de production dont les principaux sont la terre, le capital, le travail ou les ressources humaines, la technologie, le climat et l’environnement; si les options choisies influencent positivement sur les ressources c’est à dire en conformité avec les notions de préservation et de restauration de ressources, alors elles sont qualifiés de durables, au cas contraire elles sont non durables.
Dans la région des Savanes, quels en sont les défis ?
Les principaux défis sont essentiellement, la prise de conscience par les tous les acteurs du développement allant du producteur au consommateur en passant par les structures gouvernementaux et ONG de développement. Il y a longtemps que des sensibilisations et d’autres actions telles que les formations sont faites, mais il existe encore beaucoup de pratiques agricoles non durables dans nos habitudes ; en prenant pour simple exemple les défrichements suivis de brûlis qui est très répandu dans la région, le renforcement du cadre institutionnel et réglementaire qui doit par exemple être incitatif pour susciter de l’engouement pour l’adoption des pratiques durables, régler ou améliorer l’accès aux marchés de niche ou encore encourager la recherche et l’innovation.
Dans quel état d’esprit les agriculteurs et les consommateurs sont invités à œuvrer pour l’agriculture durable ?
Nous subissons tous les effets néfastes des changements climatiques (augmentation de la température, inondations, sècheresse, irrégularité des pluies), de l’insécurité alimentaire, de la dégradation des sols etc… C’est aussi grâce aux produits agricoles que le consommateur fonde son espoir de survie. En considérant rien que ces exemples nous gagnons tous avec l’adoption de l’agriculture Durable.
Pour le contexte spécifique de la région des Savanes, quelles en sont les entraves ?
L’insuffisance ou manque de crédits : l’agriculture durable est une option parfois coûteuse lorsque par exemple il y a nécessité de mécaniser certaines opérations (faire de l’irrigation pour juguler les poches de sécheresse qui sont de nature à saper les efforts déjà engagés par le producteur, acquérir des tracteurs et accessoires pour mieux valoriser les pluies ou encore pour faire des récoltes à temps et limiter les pertes), c’est aussi la disponibilité des moyens financiers qui facilite l’adoption des semences améliorées et la construction des infrastructures de stockage etc… – dégradation des sols (sols très pauvres et érodés), les variabilité pluviométriques, – accès limité aux technologies et à la formation – etc.
Propos recueillis par Edouard Kamboissoa Samboé
Laabali