Quand les prières, les sacrifices de béliers et les incantations mystiques deviennent les nouvelles tactiques de jeu, on finit par se demander si nos Éperviers ne préfèrent pas les rituels aux entraînements. Après six buts encaissés contre l’Algérie, il serait peut-être temps de rappeler que, pour gagner au football, il faut plus de passes que de prières, et plus de travail que de copinage. Parce que même les esprits, eux, ne marquent pas de buts !
C’est donc officiel, chers compatriotes : nos Éperviers sont bel et bien désenvoûtés ! Grâce au sacrifice d’un pauvre bélier au pelage assorti à celui des prêtres traditionnels, nous voilà libérés des malédictions qui, paraît-il, empêchaient nos joueurs de marquer des buts. Mais, ô surprise, après avoir immolé la bête et versé des litres de sang sur le gazon de Mission Tové, les seuls à avoir goûté au miracle sont… les Fennecs algériens. Six buts encaissés, un seul pour nous. Même les prières chrétiennes et musulmanes n’ont pu nous sortir de la boue footballistique.
Alors, où est le problème ? À croire Nibombé Dare, notre sélectionneur désabusé : « Le problème est ailleurs ». Et si on le cherchait du côté du terrain ? Pas celui où l’on immole des béliers, mais celui où se joue le vrai football.
Parce qu’au fond, désenvoûter une équipe nationale, c’est bien beau, mais peut-être que, pour gagner, il faut autre chose que des formules mystiques. Peut-être qu’il faudrait, je ne sais pas… du travail, par exemple. Des centres de formation dignes de ce nom, des infrastructures modernes, un peu de rigueur et beaucoup de professionnalisme ? Et surtout, moins de copinage et de népotisme. Car, soyons réalistes : les prières et les sacrifices, c’est mignon, mais ça ne marque pas de buts.
Le football, c’est comme un bon plat togolais : pour qu’il ait du goût, il faut des ingrédients de qualité, bien dosés, et un bon cuisinier. Si on mise tout sur les esprits, on risque de finir avec une assiette vide… et des prêtres bien repus.
Robert Douti
Laabali