Au marché de Dapaong, certaines habitudes peinent à être abandonnées. Malgré la mise en service d’un nouveau parking il y a six mois, les abords du marché continuent de crouler sous des stationnements anarchiques. Depuis l’ouverture, le parking n’a enregistré que deux clients. La majorité des Dapaongolais semblent ignorer l’existence de ce joyau pourtant réalisé dans le but de les soulager. .
Le marché de Dapaong, centre névralgique du commerce dans la région des Savanes, souffre depuis longtemps d’un manque d’espace pour accueillir l’afflux de marchands et de clients. L’inauguration d’un parking moderne il y a six mois aurait dû remédier à ce problème. Mais contre toute attente, cet espace reste inexploité, obligeant les automobilistes et motocyclistes à se garer dans des conditions précaires le long des ruelles déjà saturées. Cette situation aggrave l’encombrement des ruelles déjà trop exiguës, plongeant commerçants et usagers dans un chaos quotidien. Pourquoi ce parking est-il laissé à l’abandon alors que la situation devient de plus en plus insoutenable ? Laabali est allé aux nouvelles.
« Quand j’ouvre, personne ne vient. Depuis près de cinq mois, je n’ai enregistré que deux clients. Fatigué de rester chaque jour inutilement, j’ai cessé de l’ouvrir depuis un mois », explique Djala G., chargé de la gestion du parking. C’est une habitude tenace au marché de Dapaong : garer sa moto près d’un étalage, devant une boutique ou à côté d’une revendeuse pour faire ses achats. Pourtant, les ruelles et allées à l’intérieur du marché sont déjà trop étroites pour permettre une circulation fluide. Consciente de cette situation, la municipalité avait entrepris, en mai 2023, de réintégrer les revendeuses installées sur les trottoirs et dans les allées du marché. Elle a également fait construire un parking de 25 places pour voitures et 400 places pour motos. Cependant, à la surprise générale, les usagers du marché continuent de stationner leurs engins de manière anarchique, créant ainsi un embouteillage monstre, surtout les jours de marché. Le joyau, qui a coûté plus de 43 millions de francs CFA, semble pour l’instant un éléphant blanc. Malgré la mise en place de panneaux de signalisation interdisant tout stationnement le long de la ruelle menant vers la boucherie, les usagers ne semblent pas prêts à changer d’habitudes.
« Nous avons recruté une personne pour s’occuper de la gestion du parking. Malheureusement, chaque jour, il vient ouvrir, mais personne ne vient », explique une source contactée à la Mairie de Tône 1. La réticence des usagers à se garer dans le parking ne plaît pas aux commerçants. « Quand les gens viennent ici pour garer et que nous leur disons que c’est interdit, certains nous engueulent. D’autres viennent garer devant nous sans même nous saluer. C’est quand ils reviennent et ne retrouvent plus leurs engins qu’ils s’adressent à nous », déplore Moussa, un boucher.
Le samedi 22 septembre 2024, la police nationale s’est vue contrainte de passer à l’action. Elle a emporté plusieurs motos stationnées devant la boucherie. « Les propriétaires, une fois de retour, lorsqu’ils constateront l’absence de leurs engins, viendront au commissariat pour se renseigner. Nous avons installé des panneaux de signalisation, mais cela ne semble pas suffisant pour décourager ces contrevenants », explique un agent de police. Ishao, l’un des contrevenants, affirme ne pas comprendre le sens du panneau. « Je suis entré dans le marché pour acheter du miel, et à mon retour, on m’a dit que les policiers étaient venus emporter nos motos. Je vais aller au commissariat pour m’expliquer », se plaint-il.
La situation qui a prévalu le samedi dernier au marché de Dapaong relance le débat, non seulement sur la nécessité de doter la capitale régionale des Savanes d’un marché moderne, mais surtout sur l’importance d’intensifier la sensibilisation auprès des usagers afin qu’ils puissent utiliser le parking pour la sécurité de leurs engins. Ces interrogations sont sur toutes les lèvres des usagers. « Le parking avait été construit pour répondre à un besoin, mais depuis, il n’est toujours pas pleinement utilisé. Les gens ont du mal à y amener leurs engins », s’indigne Damara Boukari, revendeuse de chaussures.
L’ouverture du parking n’a pas encore suffi à changer les habitudes des usagers du marché de Dapaong. Malgré les efforts de la municipalité et de la police, les stationnements anarchiques continuent de poser des problèmes majeurs pour la fluidité et la sécurité dans les ruelles du marché. Une sensibilisation accrue, couplée à des mesures plus strictes, semble nécessaire pour rendre l’utilisation du parking plus effective.
Robert Douti
Laabali