L’insécurité alimentaire est le constat qui se dégage en ce milieu du mois d’Octobre 2022 dans l'Extrême-Nord du Togo. La crise alimentaire pourrait s'aggraver dans les prochains mois du fait de la pression humanitaire. Une crise qui tire ses origines pressantes des pressions des groupes armés extrémistes. Le grand Kpendjal serait le centre névralgique de cette souffrance alimentaire, dans les prochains mois, mais aussi l'expérience douleureuse de la faim dans les prochaines années. La population en majorité d'agriculteurs souffrirait en l'absence de la paix dans la zone, avec des conséquences qui pourraient atteindre d'autres horizons.Mais le retour de la paix et celui des déplacés de les villages respesctifs pourraient circonscrire le bésoin alimentaire, avec la reprise des travaux champêtres.
Le réalité amère….
La paix n’est toujours pas de retour dans le nord-est du Togo. Les villages vidés pour cause d’utilité militaire sont encore vides pendant une période de la journée. Les villages y effectuent des vas-et-vient à la recherche de leur pitance. Tambate, chef-lieu du Canton de Koundjaoré et les villages voisins servent de points de ravitaillement. On continue de commercer , ne serait-ce que pour les besoins sociaux de base. Ceux qui ont pu, pendant le jour récolter de leurs champs, égrainent la nuit, d’autres pilent pour la conservation. On semble s’habituer avec la présence des militaires qui assurent la sécurité. L’absence de violence quotidienne de la part des extrémistes est saluée par les villageois. Mais la vigilance est de mise. Derrière l’accalmie, face à cette quasi-victoire, il y a une réalité, la faim. Une crise alimentaire difficile à mésuser dans une localité qui accueille plusieurs habitants issus de plusieurs villages. Mais les prochaines périodes de soudures s’annoncent difficile pour ces populations habituées au travail de la terre.
Une paix précaire…
Cette même paix est précaire dans les zones frontalières jumelées Burkina-Bénin-Togo. C’est le constat, courant Octobre 2022, après la descente meurtrière des des individus armés. La réalité de l’insécurité qui a poussé les bras valides, notamment des hommes et des jeunes garçons d’un certains nombres de villages à fuir est là. Nombreux sont au Nigeria, au Ghana et dans les villes voisines, à en croire leurs proches. Avant leur fuite, c’était en majorité des paysans.L’agriculture a toujours été la principale activité. Mais aussi élevage. C’est en milieu de saison pluvieuse, soit en majorité la période de semailles qu’ils ont fui pour échapper à la mort. Des parcelles d‘agricultures jadis exploitées au bénéfice des familles et des communautés ont été abandonnées. La mort ayant frappé plusieurs familles, celles-ci ont perdu les bras valides, et le traumas a empêché de poursuivre les hectares de terrain à exploiter. Les bétails ont subi un fouet , à cause de la violence des bandits armés et plusieurs têtes de bétails ont été perdues.
Dans leurs fuites, plusieurs villageois ont abandonné leurs bovins, cabris et poulets. Les quelques têtes transportées dans leurs lieux de refuges n’ont pas toutes survécus et la majorité vendues. Dans d’autres contrées, l’absence des espaces d’élevage n’ont pas permis de croître le peut emporté lors de la fuite.
Dans certaines localités les villages entiers ont été vidés et les récoltes abandonnés à la nature. Dans d’autres localités, les récoltes sont là, mais maigres, à cause du manque d’entretien continu. Des champs n’ont pas pu bénéficier de soin, et les espaces de jardinages et d’élevages ont été délaissés.
Ces déplacés, la plupart éleveurs ou agriculteurs ont élu domicile auprès de leurs proches qui sont aussi en grande partie du même secteur d’activité. Depuis le mois de Mai 2022, date des premières fuites, la situation humanitaire n’est pas négligeable. Avec le déplacement total des restes populations des villages ciblés par les groupes armés vers les centres communaux, la situation humanitaire s’est empirée. Manque de travail, oisiveté, le traumas, compréhension, fermeture d’atelier de maçonnerie, absence de perspectives professionnelles, fermeture d’école. Ces familles qui sont restées dans les villages voisins doivent survivre. Mais la difficulté de se convertir s’impose.
Les gestes communautaires, les appuis ponctuels du gouvernements , les contributions volontaires en vivre et vêtements se comptent en goutte d’eau. Le besoin est aussi énorme pour répondre au besoin d’environ six villages, des femmes et des enfants, mais aussi des déplacés venus de l’autre coté de la frontière.
Au cours des prochains jours et mois, la situation humanitaire dans le canton de Koundjoaré qui abrite les déplacés internes annoncera critique. Les contributions d’aides humanitaires pourraient soulager la pente. Mais le besoin sera conjoncturelle jusqu’à la prochaine saison d’agriculture. La paix améliorera la situation avec le retour des déplacés dans leurs villages respectifs. Mais pour l’heure, l’urgence de manger , de se soigner, de s’abriter convenablement s’impose.
Pour rappel, dans l'Extrême-Nord du Togo , c’est l’agriculture, mais aussi de élevage. Cumulativement, on cultive du maïs, du mil, du sorgho, des ignames, du haricot mais aussi du Coton. Une saison pluvieuse de Mais à Octobre , les populations de plusieurs localités de cette zone accumulent les récoltes pour faire face à la période de soudure. D’ailleurs, c’est la période des grandes récoltes depuis fin septembre, jusqu’à la mi-novembre.
Edouard Kamboissoa Samboé
Observateur des groupes armés extrémistes au nord Togo
Laabali.com