Les forces armées togolaises ont finalement reconnu avoir utilisé un aéronef contre des civiles, qu’elle a confondu aux terroristes en mouvement, dans la nuit du 09 au 20 juillet, à Marba [ canton de Natigou , région des savanes} dont le bilan s’élève à 07 morts et des blessés. Une bavure militaire qui ne va pas sans conséquences sur la lutte que mène l’armée togolaise contre les hommes tueurs en kalachnikov.
Trois incursions armées ont été menées contre le territoire togolais, depuis le début de la turbulence djihadiste au Nord du pays, dans la zone frontalière sud du Burkina Faso,qui a été bien longtemps infestée, par lesdits fous de Dieu.Ces groupes affiliés au JNIM ou JSIM avaient revendiqué leurs opérations.
L’armée togolaise qui avait anticipé leurs frappes a mobilisé un contingent pour freiner leur progression, sous appellation de l’opération Koundjouaré. Des unités spéciales et des élites des FAT ( forces armées togolais) appuyées des drones ont ^porté mains fortes à cette lutte déjà engagée. Un calme précaire y régnait, et l’armée avait d’ailleurs invité les populations desdites localités à la dénonciation. Jusqu’à ce que l’armée elle-même rompt le pacte de collaboration par une frappe meurtrière contre les civiles, qu’elle était sensée protéger.
Une erreur à mettre à l’actif de l’opération Koundjoaré qui a confondu les civils en mouvement et les terroristes en mouvement.Désormais, la méfiance règne entre les militaires et les civils qui sont les premiers agents de renseignement.
Une situation que pourrait profitait l’ennemi qui cherche à exploiter les frustrations pour se faire des enrôlés. Il est connu que les armés terroristes s’appuient sur les tensions et les divisions pour convaincre et exploiter les failles. L’histoire de la bavure militaire de Marba pourrait être une gangrène, si rien n’est fait à temps.Il faut vite guérir les cœurs, prôner l’unité des esprits et rebâtir rapidement la confiance menacée. Si l’erreur n’est pas corrigée, elle pourrait être mise à l’actif des brutalités militaires, donc causer un renferment et un mur contre les échanges des informations.L’on peut imaginer les conséquences de la non collaboration entre les militaires et les civils.
L’armée doit connaître certaines réalités villageoises, notamment la pratique culturelle qui consiste à danser dans la nuit pendant les jours de fête, comme ce fut le cas de tabaski à Marba. Il faut intensifier l’infiltration , l’usage des jumelles nocturnes et aussi étudier les zones de déplacements des groupes armés.A défaut, il faut envisager les évacuations des zones pour la cause de défense nationale et l’interdiction formelle de parcourir certaines zones à certaine heures.
L’armée doit maintenir la maîtrise de soi, surtout que la plupart des groupes armés se confondent aux populations civiles. L’armée a l’obligation de savoir que la guerre contre le terrorisme ne se gagne pas sans les populations et que toute précipitation mène aux bavures et aux révoltes.
Malgré les drones, les artilleries et les centaines d’hommes mobilisés dans l’opération Koundjoaré, il faut se convaincre que l’armée togolaise reste encore néophyte dans la lutte contre les groupes armés extrémistes, et qu’il faut du tact et de la patience pour différencier l’ivraie du blé.Ceci se gagne en évitant, l’erreur de l’opération Koundjoaré qui a fait des morts, suite à une bavure.L’histoire du Mali , du Niger et du Burkina Faso peut encore inspirer les pays voisins.
Edouard Kamboissoa Samboé
Observateur des groupes armés terroristes actifs au Nord du Togo avec du Burkina.