Francia Marquez est actuellement la figure de proue des 9% d’Africains de Colombie; elle vient d’être élue vice-présidente.
Le symbolisme est fort et entretient comme c’est souvent le cas, la fierté d’être fille d’une Africaine déportée.
La réalité à cette joie est néanmoins toute autre; chaque fois qu’un Afro-descendant se hisse à une position politique élevée, le danger pour son peuple devient plus grand.
Ce fait est indiscutable, incontestable et l’exemple rondement net et récent est celui du président Obama. (Ceux qui aiment l’histoire et les exemples lointains peuvent se référer à la mise à feu et à sang du Black Wall Street. Ce rappel est l’aspect économique de la même réalité.)
Porté au sommet de l’État, le 44ème malgré toute sa grande volonté, n’a logiquement rien pu faire pour réduire la maltraitance que vivent ses sœurs et frères de même couleur de peau.
Il a parallèlement été instrumentalisé dans la déstabilisation de l’Afrique avec à la clé, l’assassinat du Guide.
Un autre fait grave est que son élection a facilité une autre, celle du fantasque président Trump et amplifié un vrai mouvement d’extrémisme, de racisme, de crimes racistes et de xénophobie partout en Occident.
En effet, la popularité de Trump est bâtie sur la haine que nourrit une partie d’Américains caucasiens en l’encontre des Afro, qu’elle ne veut absolument pas voir sortir de la cage à esclaves.
À ses yeux, « les Négros » sont toujours des sous-hommes et faire représenter la grande et pure Amérique par un lépreux social, culturel, apatride, c’est tout simplement un événement imbuvable, inacceptable qui noircit complètement l’identité positive occidentale.
Le suprémacisme blanc a alors rapidement monté en flèche et le président Trump l’a habilement utilisé pour se faire élire et imposer l’extrémisme violent dans le pays de l’Oncle Sam.
Cette situation est la même dans toutes les régions où les ancêtres Africains ont été déportées et esclavagisées.
Au fur et à mesure que leurs filles et fils montent l’échelle sociale, économique, politique, culturelle, la haine contre la communauté noire devient proportionnellement élevée.
La situation politique de Marquez, une femme immense par l’intelligence, le talent et l’engagement risque de ne pas contester cette thèse, à cause notamment de son programme phare, la lutte contre le racisme institutionnel et structurel.
Un no go, parce que les tenants de l’idéologie raciste ne sortiront de leur réunion Klu Klux Klan, tant que les plans de la deuxième responsable de Colombie ne seront pas contrariés.
Qu’il soit clair!
L’idée défendue ici n’est pas de démotiver les Africaines et les Africains dans le processus d’intégration et de vivre ensemble.
La communauté africaine doit exceller où qu’elle se retrouve.
Elle doit se frotter à la cervelle des autres, acquérir de l’expérience, découvrir, comparer, contribuer au développement de leur terre d’accueil (ce que j’appelle la morale de l’accueil.)
Elle doit s’engager dans les luttes pour l’égalité, le vivre ensemble, contre le racisme partout dans le monde.
En étant active sur différents terrains à l’extérieur du continent, elle doit avoir fondamentalement à l’esprit que ces actions sont celles comparables au bandage, à la prise de calmant.
La maladie de domination, d’esclavage, d’exclusion et d’exploitation dont souffre l’Afrique ne pourra être guérie qui si notre continent « montre au monde, ce que peut faire l’homme Noir quand il travaille dans la liberté. » Patrice Lumumba
Les Africains et leurs descendants n’auront aucun répit sur cette terre, aussi longtemps que le lieu d’origine restera laminé, lessivé, contrarié, dominé, dans un état lamentable.
L’Afrique doit donc être complètement reconstruite et le préalable à cette édification est la liberté de pensée, d’action et de lieu de vie retrouvée.
La géographie étant mère de la pensée et de l’action, les filles et fils d’Afrique ne pourront amplement exprimer leur génie qu’en vivant en lieu sûr et disposant d’un environnement de repère, de repli.
L’Afrique est le berceau de tous les Africains et ces derniers ont l’obligation d’amorcer un projet immense de libération, de reconstruction et de protection du continent.
Les héros tels que Malcolm X et Martin King ont lutté pour que la blessure des déportés et des immigrés soit sensiblement soulagée ; la plaie n’a jamais été totalement traitée.
Elle s’ouvre grandement de nos jours, s’ouvriront davantage et nous n’avons aucune autre issue que celle proposée par Marcus Garvey : le Retour.
Cette sortie nous offre l’unique chance de travailler ensemble, avec intelligence, savoir-faire, innovation, inventivité, sans l’aide ni de la Russie, ni de la Chine, ni des Occidentaux et de redonner la grandeur à notre terre-mère, celle prophétisée par Lumumba.
Nous avons l’obligation morale et existentielle de rendre l’Afrique glorieuse, une gloire qui dépasse la hauteur, la largeur des pyramides pharaoniques et des autres architectures du monde.