Dimanche 26 juin, la Russie devait probablement entrer en défaut de paiement. Historiquement, le moment est marquant, puisqu’il s’agit d’une première depuis la grande crise de 1998. Mais l’effet devrait être très limité. « Il est improbable que l’impact économique soit majeur », estime Joseph Marlow, de Capital Economics, un cabinet d’études.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février, le gouvernement russe est déjà largement coupé du système financier international, à la suite des sanctions occidentales. « Une déclaration de défaut serait un événement symbolique, mais le gouvernement russe a déjà perdu la possibilité d’émettre des dettes en dollars », rappelle Takahide Kiuchi, économiste au Nomura Research Institute.
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Le processus vers un défaut de paiement a débuté le 27 mai, quand Moscou a manqué une échéance de remboursement de 100 millions de dollars (environ 94,7 millions d’euros) sur une obligation. Le compte à rebours de la période de grâce de trente jours a alors commencé, arrivant à échéance ce 26 juin. Le gouvernement russe affirme avoir l’argent et vouloir payer, mais être bloqué à cause des sanctions. Pour montrer sa bonne volonté, il a versé la somme en roubles au National Settlement Depository, un organisme russe par lequel doit transiter l’argent. Celui-ci étant sur la liste des sanctions, le transfert aux créditeurs occidentaux est bloqué.
Moscou rejette donc la responsabilité sur les pays occidentaux : « Tout indique qu’en bloquant artificiellement la Fédération russe de servir sa dette étrangère l’objectif est de nous apposer l’étiquette “défaut”, explique Anton Silouanov, le ministre des finances. Vous pouvez déclarer ce que vous voulez (…), mais ceux qui comprennent la situation savent qu’il ne s’agit pas d’un défaut. »
Cette étrange situation vient rappeler que, malgré des sanctions particulièrement lourdes, la Russie a réussi à stabiliser son système financier et son économie. Quatre mois après le début de la guerre, « la Russie dispose d’énormément de cash qu’elle n’arrive pas à dépenser », constate même Elina Ribakova, économiste à l’Institute of International Finance (IIF), une association américaine représentant l’industrie de la finance.
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Au début de l’invasion, la banque centrale a doublé son taux d’intérêt, à 20 %, et imposé de sévères contrôles des capitaux. Le taux d’intérêt est désormais revenu à 9,5 %, son niveau d’avant-guerre. Progressivement, les capitaux peuvent circuler plus librement. Les entreprises russes qui exportent n’ont plus l’obligation de convertir leurs devises étrangères en roubles, comme c’était le cas au début du conflit.
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