La région des savanes traverse une crise sécuritaire depuis plusieurs mois à cause des différentes tentatives d'incursions des groupes armés sur notre sol depuis le Burkina Faso. Ces derniers temps, la riposte vigoureuse et les ratissages menés par les éléments mixtes de l'opération Koundjoaré ont permis un regain de confiance des populations mais la situation humanitaire dans les zones qui accueillent des déplacés internes est inquiétante et nécessite une solidarité agissante.
Pour rappel, le gouvernement dans le soucis de mieux protéger les populations , contrôler et sécuriser certaines localités frontalières avec le Burkina Faso avait décidé à la fin juillet dernier de déplacer les habitants de plusieurs localités des préfectures de Kpendjal , Kpendjal ouest, Tône et Cinkansé. Ainsi, les villages de Sankortchagou, Tambiinga, Kpembolé, Kpenkinkandi et Blamonga ont été vidés.
Leurs habitants ont été réinstallés à Koundjoaré dans la commune de Kpendjal 1. Si cette décision est salutaire puisqu'elle a permis de faciliter les opérations des forces de défense et de sécurité, l'on assiste désormais à des grincements de dents depuis quelques semaines.
La majorité des déplacés internes se sont retrouvés dans des familles d'accueil et plus le séjour devient long, les difficultés se révèlent durs à gérer car dit-on en pays Gourma, l'étranger est lourd même si on ne le transporte pas . " Actuellement, la situation sécuritaire se stabilise mais c'est le poids que nous n'arrivons plus à supporter. Lorsque tu gères difficilement ton propre ménage et que plusieurs familles viennent s'y ajouter, ça devient compliqué. Au départ nous avons fait le faux brave mais actuellement ce n'est plus facile." Se lamente un habitant de Tambate, un quartier périphérique de Koundjoaré.
Certaines familles, acculées ont préféré se séparer de leurs hôtes devenus encombrants. " Moi j'ai accueilli 4 ménages depuis le 24 juillet dernier. Finalement la semaine dernière j'ai été obligé d'aller louer 4 chambres à mes propres frais pour les loger. Pour le reste, ils vont se débrouiller en attendant la providence.
Au lendemain de leur arrivée les autorités ont procédé à leur recensement mais jusqu'ici, aucune aide conséquentes ne leur a été apportées." renchérit un instituteur natif de Koundjoaré.
Le sourire affiché par certains chefs de ménage qui accueillent des déplacés internes cache une profonde inquiétude au fond d'eux-mêmes. " C'est difficile, c'est vraiment difficile de regarder certains de nos parents souffrir de la sorte. Certains peinent à trouver même un toît. Vraiment, nous avons besoin d'aide " lance Tampandja Moussa .
Dans plusieurs quartiers, les plaintes s'enchaînent. L'augmentation brusque de la population laisse craindre l'arrivée des maladies d'origines hydriques cause du manque de latrines dans plusieurs concessions bondées de déplacés. La défécation à l'air libre laisse redouter le péril fécal.
On apprend que les organismes humanitaires se mobilisent mais le temps presse. Il faut des abris et de l'eau potable pour soulager les populations
Robert Douti
Laabali.com