Voici in extenso la déclaration du porte-parole de l’ Organisation des Nations Unies (ONU) pour les droits de l’homme, Seif Magango, sur la situation au Burkina Faso
NAIROBI, 7 octobre 2022
Nous suivons de près la situation des droits de l’homme au Burkina Faso après le coup d’État de la semaine dernière. Nous saluons les déclarations des autorités militaires selon lesquelles elles respecteront les » engagements internationaux du pays, notamment ceux liés à la promotion et à la protection des droits de l’homme « . Cependant, nous restons préoccupés par les multiples allégations de violations des droits de l’homme qui continuent d’être rapportées dans de nombreuses régions du pays.
Nous restons préoccupés par la situation sécuritaire et humanitaire désastreuse à laquelle est confrontée la population civile dans les régions du Centre-Nord et du Sahel, qui est quotidiennement menacée de violence par des groupes armés non étatiques. Des rapports crédibles suggèrent qu’au moins huit enfants sont morts de malnutrition récemment dans la ville de Djibo, qui est assiégée par des groupes armés non étatiques depuis mai 2022. Le dernier convoi qui a tenté d’apporter une aide humanitaire à la ville le 26 septembre a été attaqué par des groupes armés, faisant 37 morts, dont 10 civils.
Nous sommes également profondément préoccupés par la décision de suspendre toutes les activités politiques et de la société civile. Nous exhortons les autorités militaires à annuler immédiatement cette décision arbitraire et à protéger efficacement tous les droits de l’homme.
Nous notons que les autorités se sont engagées à s’attaquer de manière décisive au « terrorisme », mais nous rappelons que toutes les opérations militaires, y compris celles menées contre des groupes armés non étatiques, doivent être pleinement conformes au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire applicable et doivent assurer la protection effective des populations civiles.
Nous demandons au Burkina Faso d’ouvrir rapidement des enquêtes approfondies et impartiales sur tous les décès et blessures liés au coup d’État – y compris ceux d’au moins quatre personnes tuées et huit autres blessées lors de pillages et de manifestations pro-coup d’État depuis le 30 septembre – et de veiller à ce que les responsables soient tenus de rendre des comptes. Nous demandons également aux autorités actuelles et aux nouveaux dirigeants de condamner sans équivoque tous les cas de discours de haine et d’incitation à la violence, où qu’ils se produisent, et de veiller à ce que les coupables soient tenus responsables conformément à la loi.
FIN