Le 24 janvier 2022, naissait le MPSR ( Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration), une composante hétéroclyte de l'armée Burkinabè, qui revelait pour la première fois, le lieutenant colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, comme chef de la junte, et plus tard, président du Faso. Dans la première déclaration, il a expliqué que l'arrivée du MPSR au pouvoir et le départ de Roch Marc Christian Kaboré, se justifiaient par l'incapacité de ce dernier à assurer la sécurité dans le pays. Dans son premier discours au peuple burkinabè, Damiba expliquait sa volonté de faire règner la sécurité tout en promettant un bilan, au bout de six mois. Huit après, comme il était vénu, il s'en est allé, par la force de ses mêmes hommes, qui lui ont porté au pouvoir. Il est déposé en la nuit du 30 septembre 2022, mais son mouvement le MPSR a survécu avec les nouveaux hommes du pays, dirigés par le capitaine Ibrahim Traoré. Zoom sur les onze erreurs qui l'ont fait perdre le pouvoir.
Sauf un cas de force, donc absent, donc improbable, le lieutenant Colonel Paul-Henri Damiba est déposé, à 20h, selon la déclaration officielle des putschistes, ce 30 septembre 2022; soit huit mois après son arrivée au pouvoir, à la suite d'un coup de force contre le président Roch Marc Christian Kaboré, celui-là meme qui est le premier président démocratiquement élu, après l'insurecction populaire de 2014.
Militaire de son Etat, natif de Kouritenga, dans la region du Centre-Est, cet homme reputé calme et rigide, n'aura pas duré aux affaires du Burkina Faso. Vénu au pouvoir en une nuit, il en est reparti, en une nuit, comme toujours , dans une déclaration télévisée, remplacé par un jeune officier, son cadet.
Damiba n'a pas rempli son contrat sécuritaire
C'est par la rue, que certaines OSC ont fait appel à l'armée pour assurer la sécurité du pays; le Burkina d'alors enregistrait environ 2000 morts du fait des attaques terroristes et un million et démi de déplacés internes. Un coup d'Etat qui avait reçu l'assentiment des burkinabè dans l'espoir d'un militaire au pouvoir pour le retour de la paix. Avec Damiba, militaire aux affaires, l'espoir était permis. Celui-ci semblait avoir compris cette aspiration du peuple , et promettait des resultats probants en six mois.
Mais à l'orée des six mois, le pays s'engouffrait dans un cycle infernal d'insécurité, débouchant sur 2300 morts, des attaques récurrentes et des déplacés internes avoisinant 2 millions de personnes, y compris une crise humanitaire jamais égalée. Un bilan négatif qui exacerbait le sentiment d'insécurité permanente, mais aussi l'attaque permanente des positions des forces armées burkinabè, faisant des victimes, comme celle de Bourzanga en Mai et Dori en Juin, juillet et Septembre.
Damiba n'a pas séduit les médias
Dès son arrivée, l'homme fort de Kosyam n'en avait cure des hommes et femmes de médias; il avait meme interdit des prises de photos. Lors d'une prémière prise de contact avec les patrons de presse, il avait proféré des ménaces éclaires. Durant ses huit mois des affaires beaucoup de journalistes ont réçu des ménaces de morts.
Damiba n'est pas un revolutionnaire
Alors que le peuple attendait un revolutionnaire aux affaires, Damiba a été clair et net, " je ne suis pas revolutionnaire" avait-il dit, ce qui lui avait perdre un certain nombre de soutien de la frange revolutionnaire des burkinabè.
Damiba n'a pas conclu une coopération sécuritaire avec la Russie
Alors que bon nombre de burkinabè démandait aux nouvelles autorités du pays de nouer des relations de coopérations militaires avec la Russie, à l'image du Mali pour lutter contre l'insécurité, Damiba n'est pas allé dans ce sens. Il a plus tot pris une position proche de l'occident, alors que la situation sécuritaire devenait de plus en plus précaire.
Damiba n'a pas libéré le colonel Zoungrana
Alors que bon nombre de burkinabè démandait à Damiba de libérer l'officier supérieur Emmanuel Zoungrana, incarcéré pendant la gouvernance de Roch Kaboré pour tentative de coupd d'Etat, l'arrivée de Damiba n'a pas facilité sa libération. Celui-ci au travers son avocat avait démandé de le liberer pour qu'il aille aux combats, mais ce ne fut pas le cas. Cette posture de Damiba l'a fait des ennemis dans l'armée, surtout dans les proches de Zoungrana et lui fait perdre du soutien d'une frange de la société civile.
Damiba et ses écarts de langages
A plusieurs reprises sur le terrain, les expressions de Damiba sont sortis de leurs contextes, faisant de lui un paria, alors qu'il s'entrenait avec ses élements sur le terrain. Un constat similaire a été fait lors de son discours bilan sur la gestion du pays. Alors que les burkinabè attendaient sur les réalisations et les perspectives, Damiba s'est lancé dans une logique de portrait psychanalitique du peuple. Il a traité le peuple comme celui qui n'a pas de répère et qui cherche des boucs émissaires partout. Repondant à une question, Damiba avait expliqué, que celui qui se sentait fort pouvait faire un coup d'Etat pour prendre aussi le pouvoir. Ces écarts de langages ont été appréciés par un certain nombre de burkinabè comme de la suffisance, alors que le pays souffre de l'insécurité.
Damiba et ses nominations d'officiers dans l'administration
Bien qu'il se rendait sur les champs de bataille, plusieurs burkinabè après avoir analysé les nominations d'officiers à des postes de l'administration, comme le capitaine Sidsoré Ouédraogo, promu chargé de mission, la direction de l'ONASER confiée à un militaire, le retour d'Evrad Somda à un poste de bureau, etc; certain burkinabè l'ont mal compris, ce qui lui a fait perdre les soutiens.
Les ambitions politiques futures
La prestation du serment de Damiba comme président du Faso, la mise en place de l'Assemblée législative transitoire, ont joué en défaveur de Damiba. Alors que les burkinabè s'attendaient à ce qu'il se comporte en militaire en guerre, ces actions administratives ont été comprises, comme une facon pour de perdurer au pouvoir.
La mauvaise gestion des dossiers de la reconcliliation
L'arrivée de Blaise Compaoré et la rencontre des anciens chefs d'Etats pour la gestion de la reconciliation ont été mal acceuillies par les burkinabè, qui l'ont compris le retour de CDP au pouvoir, afin que certains dossiers sont plongés aux oubliettes.
Damiba n'a pas pu reconclier les armées et la police
Plusieurs incidents ont été signalés entre les policiers et les militaires à Kaya. Mais aussi entre les militaires et les gendarmes. Des descentes musclés des militaires, à la suite des incidents contre un des leurs a fait des blessés civils. Certains militaires ont considéré que d'autres étaient traités mieux que les autres, en terme davantage. Sans oublié la question de la gestion des primes de guerre des forces spéciales et des unités d'élites, mais aussi l'augmentation de l'équipement de combat.
Damiba n'a pas durci le ton contre des OSC voraces
Certaines OSC et leurs leaders n'ont plus de crédibilité aux yeux de l'opinion. Pourtant, leur attachement à défendre le pouvoir de Damiba a contribué à ternir son image. Plusieurs militants des OSC proches de Damiba a tabassé des manifestants civils et agressés d'autres membres des OSC opposées.
Outre les mécontements des familles des FDS tués au combat, les regards des hommes politiques des anciens régimes qui se croyaient victimes de la chasse aux sorcières, la question sécuritaire qui n'a pas trouvé une reponse rapide a conttibué a fragilisé le pouvoir de Damiba.
Edouard Kamboissoa Samboé
Ouagadougou
Laabali.com